« Les Frères Sisters », « Le Poulain » et « Leave no Trace » : notre critique ciné de la semaine
Sur vos écrans cette semaine des chasseurs de primes, des politiciens en campagne et un père et sa fille, qui forment une famille très fusionnelle.
Les Frères Sisters
Réalisation : Jacques Audiard
Western – France – 2018
Distribution : Joaquin Phoenix (Charlie Sisters), John C. Reilly (Eli Sisters),Jake Gyllenhaal (John Morris), Riz Ahmed (Hermann Kermit Warm), Rebecca Root (Mayfield), Carol Kane (Mrs. Sisters)
Oregon, 1851. Charlie et Elie Sisters sont chasseurs de primes et travaillent pour le Commodore. Ils ont pour mission de retrouver un chimiste qui l’aurait volé.
Note : 3,5/5
Jacques Audiard nous a habitué à l’excellence, et son premier film américain ne déroge pas à cette règle. Initié par l’acteur John C. Reilly, ce film est une nouvelle pierre à l’édifice cinématographique immaculé du réalisateur. Sans renouveler le genre, il offre un travail soigné, typiquement yankee. Une ruée vers l’or qui tourne à la chasse à l’homme, ce n’est pas follement original. Les paysages majestueux de l’ouest étasunien non plus. Là où Audiard appose sa patte, c’est lorsqu’il apporte consistance et vraie dimension psychologique à ses personnages. Charlie tue sans états d’âme alors qu’Eli se remet en question. Plus que les dangers de leur métier, cette divergence de vue met à l’épreuve leur lien fraternel.
Détail sympathique à noter : le personnage de Mayfield est interprété par l’actrice anglaise trans Rebecca Root.
Le Poulain
Réalisation : Mathieu Sapin
Comédie – France – 2018
Distribution : Finnegan Oldfield (Arnaud Jaurès), Alexandra Lamy (Agnès Karadzic), Valérie Karsenti (Catherine Beressi), Gilles Cohen (Pascal Prenois), Philippe Katerine (Daniel), Maud Pugliese (Leslie)
Arnaud Jaurès a 25 ans. Il atterrit par hasard dans l’équipe de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle et devient l’assistant de la directrice de la communication, Agnès Karadzic.
Note : 3/5
L’auteur-dessinateur de bande dessinée Mathieu Sapin se lance dans le cinéma. Pour son premier essai, il dépeint les rouages d’une campagne politique, avec son lot de coups bas et d’hypocrisie. Vendu comme une comédie, et aussi sympathique soit-il, son film manque malheureusement le coche du rire. Les dialogues sont pourtant savoureux, et le rythme alerte. Reste le très grand plaisir de retrouver Alexandra Lamy dans un rôle un peu inhabituel pour elle. Celui d’une femme à poigne, odieuse et opportuniste, mais toujours classe et souriante. Une vraie politicienne, quoi ! du coup, le personnage joué par Finnegan Oldfield parait bien fade en comparaison, même s’il n’est pas aussi naïf qu’il en a l’air…
Leave No Trace
Réalisation : Debra Granik
Drame – Etats-Unis – 2018
Distribution : Thomasin McKenzie (Tom), Ben Foster (Will), Dana Millican (Jean), Dale Dickey (Dale)
Tom et son père vivent secrètement dans la forêt près de Portland. Ils sont découverts par les autorités qui les obligent à vivre dans une maison et à se sociabiliser. La transition leur sera difficile.
Note : 3,5/5
Debra Granik a décidément le nez pour dénicher des perles rares. Huit ans après Jennifer Lawrence dans Winter’s Bone, elle présente au monde la jeune Thomasin McKenzie. C’est une véritable révélation. Elle est Tom, une jeune fille de quinze ans soustraite à la civilisation moderne par son père qui fuit son ancienne vie. Comment sont-ils arrivés là ? Où est la mère de l’adolescente ? Ces questions resteront sans réponse. La vie ordinaire imposée par le gouvernement lui offrira l’occasion de considérer une autre voie, de se découvrir elle-même. Et d’envisager, peut-être, de s’émanciper. Son partenaire Ben Foster est une fois de plus irréprochable. Il incarne avec intériorité ce Robinson écologiste soucieux de préserver sa liberté de penser.
Laissez-vous porter par la douceur de ce beau récit initiatique inspiré d’une histoire vraie.
Également à l’affiche cette semaine :
Carnage chez les puppets (Réalisation : Brian Henson) : À L.A., humains et puppets cohabitent. La détective Connie Edwards et son ancien collègue en peluche Phil Philips enquêtent sur une série de meurtres de puppets. Incroyablement vulgos et sexuellement orientée pour un film avec des marionnettes, cette comédie délurée pas du tout pour les enfants est très, très drôle ! Avec les reines des comédies US Melissa McCarthy et Maya Rudolph.
La Nonne (Réalisation : Corin Hardy) : Roumanie, 1952. Dans une abbaye isolée, le Père Burke, accompagné de sœur Irene, enquête sur le suicide étrange d’une jeune nonne. Une force maléfique hante les lieux… Vous aimez avoir peur ? ah, dommage ! Mais avec une boîte de friandises sur les genoux, on peut s’amuser de ces scènes hyper clichés qui prêtent plus à sourire qu’à sursauter.
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