L'Irlande a évolué, mais le pape François et ses opinions sur l'homosexualité sentent toujours la naphtaline
Le pape François a terminé sa visite en Irlande par une mémorable sortie sur l'homosexualité. Retour sur ces deux jours
Décidément, l’altitude a le chic d’inspirer au Pape ses pires répliques. Les condamnations des associations LGBT+ pleuvent ce lundi 27 août après la réponse du Saint-Père à un journaliste qui le questionnait à son départ d’Irlande sur la façon dont devraient réagir des parents au coming out de leur enfant.
Le pape François se veut rassurant, réclame l’ouverture, l’acceptation, le dialogue… et même un peu plus que ça : « Je lui dirais premièrement de prier, ne pas condamner, de dialoguer, de comprendre, de donner une place au fils ou à la fille, de donner une place pour qu’il s’exprime. Et puis, je regarderais à quel âge se manifeste cette inquiétude de son fils ? C’est important. Quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a alors beaucoup de choses à faire par la psychiatrie pour voir comment les choses se présentent. La situation est différente quand cela se manifeste après vingt ans. Mais je ne dirai jamais que le silence est un remède. »
Pas de doute, le pape reste dans la droite lignée de son fameux « Qui suis-je pour juger » en 2013 et plus récemment de son « Dieu vous a fait ainsi et vous aime ainsi », qui entretenaient son image de pape progressiste (en tout cas bien plus que son prédécesseur, le très conservateur Benoît XVI). Mais peut-on encore vanter l’ouverture d’esprit d’un pape qui réclame l’intervention d’un psychiatre auprès d’enfants LGBT+ ? Et qui tait dans le même temps les comportements de prêtres pédophiles ? La propension de l’Église à s’inquiéter pour le bien-être des enfants a fait évidemment réagir :
Un accueil aux couleurs de l’arc-en-ciel
Ces propos viennent clore la visite du Pape en Irlande, la première depuis 1979. Il s’est retrouvé face à une Irlande changée, où le poids de l’Église s’est amoindri, où l’avortement n’est plus interdit par la Constitution et où le mariage pour les couples de même sexe a été ouvert par voie de référendum. Que retenir de ces deux jours historiques ? Déjà que l’accueil qui lui a été fait ne manquait pas de sel.
Sur le Ha’penny Bridge qui enjambe la rivière Liffey à Dublin, une flopée de drapeaux trans et arc-en-ciel flottaient au vent pour accueillir le Saint-Père. Des rubans bleus étaient attachés aux barreaux de la passerelle, un symbole de soutien et de solidarité aux victimes d’abus par des prêtres pédophiles. Des manifestant.e.s étaient présent.e.s arborant aussi des parapluies violets ornés de la mention « Women Priests », en signe de revendication de l’ordination des femmes prêtres dans l’Église catholique. « Le Pape a demandé le pardon mais qu’on nous montre le pardon et qu’on embrasse la diversité de toutes les familles », a exhorté Eddie McGuiness, un des organisateurs du Gay Pride festival de Dublin. « Il s’agit d’amour, alors pourquoi ne pas suivre les enseignements du Christ ? »
Une « histoire de peine et de honte »
Très attendu, le discours du Premier ministre Leo Varadkar a aussi mis les points sur les I. Le dirigeant a en effet utilisé des mots très forts pour évoquer l’histoire commune de l’Irlande et du Vatican, une « histoire de peine et de honte » : « Au lieu de charité chrétienne, de pardon et de compassion, bien trop souvent, il y eut jugement, sévérité et cruauté, en particulier envers les femmes et les enfants, et ceux qui vivaient en marge. » Leo Varadkar en a appelé à la responsabilité du pape : « Les plaies sont encore ouvertes et il y a encore beaucoup à faire pour apporter la justice et la vérité et l’apaisement pour les victimes et les survivant.e.s ».
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bertille
Certes il y a encore des progrès à faire, enfant ou non un.e homo n’a pas besoin d’un psychiatre plus qu’une.e hétéro. Mais par rapport à tout ce qu’on a entendu de la part de l’Eglise jusqu’ici, il est sur la bonne voie : il appelle au dialogue, à faire sa place à l’enfant au sein de la famille etc. Globalement son message est plutôt positif.
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graindebeaute
quand j’entends le pape, je ne peux m’empêcher de penser au proverbe sur les cordonniers qui sont toujours mal chaussés, et lui conseillerais bien à mon tour, de balayer devant sa porte. Qu’il arrête de jeter l’opprobre sur une communauté qui pourrait assurément lui donner aussi des leçons sur le respect des autres.
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expat
Qu’attendre d’autre de la part du pape ? Ben rien, absolument rien. Toutes les religions sont homophobes, cela fait parti de leur dogme. C’est aux gens de se détacher des religions, concernant le pape, il ne changera jamais.