Héroïnes silencieuses : zoom sur le rôle des lesbiennes dans la lutte contre le sida
« Quiet Heroes » : un documentaire, et une table ronde, sur les lesbiennes impliquées dès le début de l'épidémie de sida à voir absolument !
Pour parler de la diffusion du documentaire Quiet Heroes de Jenny Mackenzie, Amanda Stoddard et Jared Ruga sur Logo TV, centré sur l’implication méconnue des lesbiennes au tout début de l’épidémie du sida, la chaîne queer a organisé une table ronde sur le sujet. Voilà l’occasion d’en savoir plus (du moins pour les anglophones) sur cette partie de notre histoire communautaire que l’on ne connaît encore que trop peu, à travers quelques rares témoignages de concerné.e.s, qui ont notamment raconté la manière dont elles ont pris soin de patients séropositifs que le corps médical refusait alors de traiter.
Durant près d’une heure, la militante LGBTQ américaine Ann Northrop animera la discussion avec trois activistes lesbiennes qui racontent comment, et pourquoi, elles se sont retrouvées impliquées dans la lutte contre le virus durant les années 80 et 90. Maxine Wolfe (membre historique d’Act Up New York qui y a fondé la commission femmes et activement participé aux Lesbian Herstory Archives), Amanda Lugg (directrice du plaidoyer chez African Services, qui s’occupe des questions de migration et de VIH) et Staci Smith (membre de la West Side Federation for Senior and Supportive Housing, arrêtée maintes fois pour désobéissance civile dans la lutte contre le VIH et les LGBTphobies), sont toujours aussi présentes dans les luttes sociales aujourd’hui.
Une histoire de solidarité pas si prévisible
« Ces femmes ont marché droit dans les flammes et sont passées au travers, alors qu’elles n’avaient pas à le faire. Et elles l’ont fait alors même que certains des hommes gays dont elles s’occupaient les traitaient avec méchanceté et mépris », témoignait un anonyme concerné dans les colonnes de Gay Star News en 2015. Au cours de cette table ronde, on apprend aussi que le contexte militant de l’époque n’était pas le plus évident possible pour un tel élan de solidarité : l’activisme lesbien et féministe se tenait, le plus souvent, à distance des hommes, qu’ils soient hétéros ou non.
Mais ce qui a motivé ces femmes lesbiennes à se jeter corps et âme dans ce combat pour aider leurs frères gays, c’est toute la violence de l’homophobie dont ont été particulièrement entachées les premières années de la pandémie. Et ce, avant d’apprendre que le virus était l’affaire de tout le monde, tous genres confondus, et de se saisir de cette question là aussi. Les rares articles qui évoquent cette période de l’histoire sont nombreux à estimer que l’épidémie de sida aurait contribué à « unifier la communauté LGBT ».
Quant au documentaire qui a relancé cette conversation auprès du grand public, Quiet Heroes, il est sorti fin janvier 2018 aux USA. Cette oeuvre se focalise sur la docteure Kristen Ries ainsi que son assistante et compagne Maggie Snyder, qui étaient les seules à prendre soin des patients séropositifs à Salt Lake City, dans le contexte religieux et conservateur de l’Utah où « on les laissait tout simplement mourir ».
Parmi les grands favoris du Sundance Festival 2018, où il a été présenté pour la première fois, il ne semble pas encore en voie d’être accessible auprès d’une audience francophone à l’heure où nous écrivons ces lignes. Nous espérons qu’il ne s’agit que d’un contretemps…
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emmanuelle-cachou
Faire des transphobes de nobles militantes de la cause par le truchement de la lutte contre le sida est singulier pour ne pas dire systématiquement choquant….
Cela renforce le fait que homos lesbiennes ou hétéros tous cis tous transphobes