À Madrid, une maison de retraite LGBT+publique ouvrira ses portes en 2019
Cette maison de retraite arc-en-ciel publique pour les vieilles personnes LGBT+ est une grande première en Espagne, et à priori... dans le monde !
« On estime à 160 000 le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans qui sont LGBT rien qu’à Madrid », explique Federico Armenteros, fondateur et président de la Fundación 26 de Diciembre, à Euronews. « Nous voulons terminer nos jours dans un endroit où nous n’aurons pas à rester dans le mensonge », poursuit-il. Cette Fondation du 26 Décembre, c’est l’organisation à l’origine d’un projet de teneur et d’ampleur inédite dans la capitale espagnole : ouvrir une maison de retraite LGBT+ publique.
Du personnel au politique : 10 ans de travail acharné pour monter cette maison de retraite LGBT+
Federico Armenteros explique que son idée de créer un tel lieu afin de lutter contre l’isolement des vieux et vieilles LGBT+ vient d’un constat personnel. « En 2008, j’étais au chômage. J’avais 50 ans, j’étais gay, il y avait la crise en Espagne… Je voyais l’avenir s’assombrir et j’ai essayé de trouver des gens comme moi. J’ai découvert qu’il n’y avait pratiquement pas de gays âgés. J’ai fait des recherches et constaté qu’ils étaient isolés et que beaucoup pensaient au suicide ».
Après cette réalisation, il aura fallu dix années à ce militant pour voir son projet se matérialiser, entre l’écriture du projet et les négociations locales. Au final, la Communauté de Madrid a consenti a mettre un espace à disposition, gratuitement, pour les trois décennies à venir. La résidence, qui ouvrira ses portes courant 2019, fera 3 330m2 en tout. Située dans le quartier de Villaverde Alto – au sud de la cité madrilène – elle pourra accueillir 100 personnes. Environ 66 % pourront être accueilli.e.s en pension complète, tandis que les autres auront un accueil de jour, financé par la mairie.
Maisons de retraite arc-en-ciel et accessibilité
Partout dans le monde, la question du « vieillir LGBT+ » se pose, en particulier face à la discrimination subie par les gays, bisexuel.le.s, lesbiennes et trans séniors dans les établissements généralistes, et les initiatives se multiplient. Au Mexique, par exemple, l’activiste trans Samantha Flores a ouvert le premier refuge du pays pour accueilir vieux et vieilles LGBT+. En France, pour le Conseil de Paris et l’association GreyPRIDE, est question de former les établissements et de mettre en place un label dédié. Stéphane Sauvé, quant à lui, compte ouvrir une (première) Maison des Diversités en 2021 dans la capitale française.
Ce qui est encore plus novateur dans le projet de Federico Armenteros ? Le fait qu’il s’agisse d’une maison de retraite publique. « Le projet a été bien reçu. Après tout, nous demandons quelque chose qui existe déjà en Allemagne, en Hollande, au Danemark… Seulement, nous avons rendu la résidence publique pour qu’elle soit accessible aux personnes âgées qui ont peu de ressources ». Pour lui, cette démarche est au-delà même du politique, « c’est une histoire de droits ».
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