« Papillon », « Under The Tree » et « Une Valse dans les allées » : notre critique ciné de la semaine

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Cette semaine, on fait face à un sombre pan de l'histoire hexagonale, à des querelles de voisinage banales mais glaçantes et à une histoire d'amour à faire bayer aux corneilles.

Papillon Under The Tree Une Valse dans les allées
« Papillon » de Michael Noer

Papillon

Réalisation : Michael Noer
Aventure/Drame – États-Unis – 2018
Distribution : Charlie Hunnam (Henri « Papillon » Charrière), Rami Malek (Louis Dega), Roland Møller (Celier) Yorick Van Wageningen (le directeur Barrot), Michael Socha (Julot), Eve Hewson (Nenette)

Pigalle 1931. Henri Charrière, dit « Papillon », passe la nuit avec Nenette. Le lendemain, la police l’arrête pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Il est condamné et envoyé sur l’île du Diable, en Guyane française.

Nouvelle adaptation du best-seller Papillon d’Henri Charrière, publié en 1969, dans lequel l’auteur s’appropriait les expériences d’autres codétenus. Il n’était donc pas seulement voleur, mais également mythomane sur les bords. Sachant cela, cette aventure, toute à moitié inventée qu’elle soit, reste divertissante et surtout dépaysante.

Note : 3,5/5

Rien ne nous est épargné des conditions déshumanisantes du bagne : tortures, exécutions, enfermements. Michael Noer s’en tire avec les honneurs et n’a pas à rougir de la comparaison avec la légendaire version de 1973, immortalisée par Steve McQueen et Dustin Hoffman.

Le beau Charlie Hunnam est peut-être un choix un peu trop glamour pour le rôle, mais force est de constater qu’il assure. Perte spectaculaire de poids à l’appui. Maintenant, à quand une version hexagonale de ce héros mythique ?

Under The Tree

Réalisation : Hafsteinn Gunnar Sigurðsson
Comédie dramatique – Islande – 2018
Distribution : Steinpor Hroar Steinporsson (Atli), Edda Björgvinsdottir (Inga), Sigurdur Sigurjonsson (Baldvin), Porsteinn Bachmann (Konrad), Selma Björnsdottir (Eybjorg), Lara Johanna Jonsdottir (Agnes)

Atli fait face a des problèmes conjugaux. Au même moment, ce sont ses parents qui entrent en conflit avec leurs voisin.e.s, à cause de leur arbre qui leur fait trop d’ombre…

Tout à coup, la quiétude d’un jardin de banlieue est anéantie par le moteur bruyant d’une tondeuse derrière la haie. Cette situation très banale mettra pourtant le feu aux poudres !

À la manière d’un conte cruel, le réalisateur dissèque le mécanisme qui amène des gens ordinaires à perdre leur sang-froid et leur bon sens. Bon, là, il y va fort ! Sa « comédie » noire flirte avec le drame psychologique, dans un style froid et clinique à la Haneke. Et c’est dommage… un peu d’humour et d’ironie auraient allégé la brutalité de ce sujet malheureusement universel et intemporel.

Note : 3/5

Toutefois, on lui sait gré de ne pas avoir fait de ses personnages des hystériques gesticulant.e.s et vociférant.e.s. Au contraire, il réussit à mener son affaire sans tomber dans le grotesque. C’est déjà une belle prouesse ! Sa toute dernière scène, pourtant plus que prévisible, symbolise à elle seule l’absurdité de ces discordes.

Une Valse dans les allées

Réalisation : Thomas Stuber
Comédie dramatique – Allemagne – 2018
Distribution : Franz Rogowski (Christian), Sandra Hüller (Marion), Peter Kurth (Bruno), Henning Peker (Wolfgang), Matthias Brenner (Jürgen), Ramona Kunze-Libnow (Irina), Andreas Leupold (Rudi), Gerdy Zint (Tino)

Christian, jeune homme solitaire et timide, est embauché comme manutentionnaire dans un supermarché. Bruno, un chef de rayon bienveillant le prend sous son aile. Il rencontre Marion, sa collègue du secteur confiserie.

Voici un bien curieux film d’amour. Lent et monotone, comme ces journées de travail qu’effectuent les protagonistes au sein de leur grande surface. L’ambiance est aussi morne que l’éclairage artificiel qui inonde les allées. On adhère, ou pas… La rencontre improbable de ces deux cœurs solitaires a quand même un certain charme, la poésie et les sentiments amoureux arrivant à surgir au milieu des rayons alimentaires.

Note : 2,5/5

L’histoire naissante de Bruno et Marion est attendrissante et crédible, mais rien n’y fait, l’ennui s’installe. Le rythme apathique, le manque d’humour, et même de passion rend le visionnage désespérément plat. Les comédien.nes ne sont pas en cause, tou.te.s sont criant.e.s de vérité, jusqu’au plus petit rôle. C’est d’autant plus dommage ! Allez, une dernière valse des chariots élévateurs, et on ferme le magasin.

Également à l’affiche cette semaine :

Sur la plage de Chesil (réalisé par Dominic Cooke) : Angleterre, 1962. Florence et Edward viennent de se marier et arrivent à l’hôtel de bord de mer où ils vont passer leur première nuit ensemble. Ce mélodrame classique, mais qui, au final, vous déchirera le cœur, est porté par Saoirse Ronan et Billy Howle. Ils forment un émouvant couple romantique pris dans la tourmente des sentiments.