Lena Waithe, la boule à zéro, confirme son échappée dans la badasserie
La productrice omnipotente, butch et fière de l'être, vient de montrer à nouveau l'étendue de ses supers pouvoirs en donnant la raison pour laquelle elle s'est séparée de ses cheveux.
Lena Waithe n’en finit pas de nous faire tomber raides dingues d’elle. En mars, la productrice hyper puissante faisait en toute simplicité la couverture de Vanity Fair avec son épouse. En avril, elle figurait dans les 100 personnalités 2018 du Times. En mai, elle portait une cape rainbow au raout du Met’, un an après avoir brillé à la cérémonie des Emmy Awards dont elle était sortie vainqueure.
En début de semaine, celle qui est aussi réalisatrice de la série Master of none a annoncé qu’elle travaillait avec le youtubeur Kid Fury sur un nouveau projet, une série mettant en scène un jeune homme gay noir, jonglant avec sa sortie d’enfance dans les rues de New York, bientôt sur HBO.
En août, elle brise le plafond de verre de la badasserie, à l’occasion d’un gala organisé par la Hollywood Foreign Press Association (HFPA). Et ce devant les caméras de Variety qui la questionnait sur sa coupe de cheveux (une question si politique), car il se trouve que Madame a tout coupé.
« Si les gens pensent que je suis une stud, une butch, s’ils m’appellent “monsieur”, et bien qu’il en soit ainsi »
« Je suis en train de me lesbonifier les gars ! La coupe de cheveux, j’y réfléchissais depuis un bout de temps et je pense – si je dois être sincère – que je retenais une part de féminité pour que le monde soit un peu à l’aise avec ce que je suis. Depuis longtemps, je pensais que si je coupais mes cheveux je serais une stud (une « camionneuse », dans le jargon des lesbiennes afro-américaines, ndlr), je serais une butch et je me disais “Non, non, moi je suis très douce” et, d’un coup, je me suis dit qu’il fallait que je déconstruise cela, que c’était quelque chose qui venait de l’extérieur. Je me suis dit “Fais-le” et je me suis sentie si libre, si heureuse, si joyeuse et je me suis retrouvée. Et si les gens pensent que je suis une stud, une butch, s’ils m’appellent “monsieur”, et bien qu’il en soit ainsi. Je suis là avec mon super costard, pas tellement de maquillage et ma coupe, et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas exister telle quelle, dans le monde aujourd’hui. »
Être butch n’a rien à voir avec la masculinité
Cette déclaration précieuse de Lena Waithe évoque la longue histoire de la perte/quête visibilité des butch. De Lea Delaria à JD Samson, plusieurs personnalités ont déjà illustré fièrement par leur discours et leur art, combien les « gouines butch sont géniales », pour citer Delaria – auteure de la chanson Butch Woman Blues et comédienne dans la série Orange is the new black. Delaria avait ajouté « j’embrasse ma “butchness” tout comme j’embrasse le fait de bouffer des chattes ».
Hanna Gadsby, dans son one-woman-show Nanette, a également fait référence plusieurs fois au fait qu’elle est régulièrement attaquée sur son apparence : « “Si vous détestez tant les hommes, pourquoi vous essayez tellement de leur ressembler ?” Parce que vous avez besoin d’un sacré modèle maintenant, les gars ! ».
Tabitha – Tabs – a créé les soirées Butch Please à Londres, pour lutter contre les stéréotypes et discriminations qui visent les lesbiennes butch, des attaques qu’elles considère en augmentation. Dans un très instructif entretien (en V.O.) accordé à Pink News, elle insiste pour dire que « Butch n’a rien à voir avec le fait d’être masculine. C’est en fait quelque chose de très féminin, de s’identifier comme une femme. Butch c’est aussi, pour moi, la façon dont je suis perçue quand je marche par le monde ».