Avec Kindr, l'appli Grindr va-t-elle enfin tenter de lutter contre les discriminations ?
L'application de rencontres entre mecs a fait une mystérieuse annonce sur Twitter vendredi 27 juillet, laissant penser au lancement d'une nouvelle version plus respectueuse au mois de septembre prochain.
Vers un Grindr plus inclusif et respectueux ? Difficile de l’affirmer ainsi, mais l’application de rencontre entre mecs a fait une annonce assez énigmatique qui pourrait aller dans ce sens, via son compte Twitter vendredi 27 juillet. « Il est temps de bien jouer » (« It’s time to play nice »), peut-on lire dans un tweet qui annonce une nouveauté pour septembre 2018.
Le message est accompagné d’un sonore de vingt secondes qui démarre par une voix off : « Quand quelqu’un dit quelque chose comme “je ne sors pas avec les Noirs”, c’est ce que j’appelle du racisme sexuel. » L’internaute a ensuite la possibilité de cliquer sur le lien kindr.grindr qui renvoie vers une unique page d’accueil sur laquelle on retrouve le son et la date de septembre 2018.
Ce coup de com’ laisse facilement penser que l’application entend enfin se mettre à l’heure de la lutte contre les discriminations, alors même qu’elle s’inscrit actuellement comme le théâtre privilégié de modes d’expression très discriminants. Sans que personne ne soit inquiété.
Le coup de gueule de Munroe Bergdorf
Une annonce qui, de plus, intervient seulement quelques jours après le coup de gueule lancé par Munroe Bergdorf sur Twitter et Instagram contre l’application. « Avez-vous déjà fait face à des abus racistes/menaces de violence sur l’application de rencontre Grindr ? S’il vous plaît envoyez-moi des captures d’écran à mon courriel personnel », a tweeté l’activiste et mannequin ouvertement trans.
Dès le lendemain, Munroe Bergdorf a balancé des captures d’écran accablantes, interpellant directement la célèbre application : « Vous gérez une plate-forme qui permet au racisme et à la transphobie de prospérer, vous n’avez pas non plus les procédures adéquates en place pour faire face à ces abus ou de protéger les POC (people of colours, personnes de couleur en français, ndlr) et les utilisateurs trans ».
« Grindr a les ressources pour devenir quelque chose d’inclusif pour la communauté LGBTQ à l’avenir »
Face à la multiplication des messages interpellant Grindr, Munroe Bergdorf a indiqué jeudi 26 juillet avoir été contactée par le directeur de la communication et celui du contenu de l’application pour « discuter des changements qu’ils apporteront à leurs politiques d’abus et de harcèlement ». « Grindr a les ressources et le potentiel pour devenir quelque chose de positif et d’inclusif pour la communauté LGBTQ à l’avenir », a réagi l’activiste qui a indiqué qu’une rencontre devrait avoir lieu la semaine prochaine.
Coïncidence ?
Dire que la démarche de Munroe Bergdorf aurait aussi vite porté ses fruits reste, pour l’heure, très difficile à envisager. Force est de constater que dès le lendemain l’application a communiqué sur ce que l’on pourrait interpréter comme une réponse aux interpellations de l’activiste britannique. Mais la temporalité est si proche qu’il paraît impossible que Grindr ait pu réagir aussi rapidement.
De même, si l’on comprend par la communication employée par l’application que l’on pourrait facilement s’attendre à une version plus inclusive, plus respectueuse et dotée d’outils de signalement efficaces contre le racisme ou d’autres cas de harcèlement, il faudra le voir et le pratiquer pour le croire. Réponse au mois de septembre.
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