10 000 personnes ont été condamnées pour homosexualité en France entre 1945 et 1982

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Une étude relayée par Libération révèle pour la première fois l'ampleur du nombre de personnes homosexuelles condamnées en raison de leur orientation sexuelle entre l'après-guerre et la dépénalisation de l'homosexualité.

manifestation FHAR mai 1971 Paris
Manifestation du FHAR, le premier mai 1971 à Paris - photo d'archives

Alors que le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore le Canada présentent tour à tour des excuses et leurs pardons à leurs citoyens et citoyennes qui ont été condamnées en raison de leur orientation sexuelle, la France reste toujours très silencieuse sur le sujet. Pourtant, comme le montre une étude relayée par Libération ce mercredi 18 juillet, près de 10 000 peines ont été prononcées dans l’hexagone à l’encontre des personnes homosexuelles entre la période de l’après-guerre et la dépénalisation de l’homosexualité en 1982.

Là où la France se distingue par rapport à d’autres pays, c’est qu’elle ne condamnait pas explicitement les relations homosexuelles expliquent Régis Schlagdenhauffen et Jérémie Gauthier, tout deux sociologues de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). « L’ambiguïté vient du fait qu’il n’y avait plus d’infraction ou de délit d’homosexualité en France depuis la Révolution », a expliqué Jérémie Gauthier au journal.

Depuis le mois de janvier, le chercheur a fouillé dans les archives de la justice pénale et relevé les condamnations pour « homosexualité » jusqu’en 1976. Après cette date, les condamnations étaient prononcées pour « outrage public à la pudeur sur personnes du même sexe ». Résultat : près de 10 000 condamnations d’adultes, majoritairement en métropole.

93 % de peines de prison

L’étude des deux sociologues, qui s’inscrit comme pionnière en terme de données statistiques à ce sujet, montre que les peines prononcées jusqu’en 1976 était lourdes pour la plupart. 93 % de peines de prison dont plus de 50 % supérieures à trois mois fermes. « Mais on ne sait pas encore si ce sont des condamnations pour des chefs d’inculpation multiples », a nuancé Régis Schlagdenhauffen auprès du journal. Quoi qu’il en soit, les éléments pointés par les deux chercheurs soulèvent de nombreuses questions. Et la première d’entre elles : à quand des excuses et des pardons de la part du gouvernement français envers les personnes condamnées en raison de leur orientation sexuelle ?