« L'homosexualité, c'est une abomination » : verdict historique à Bruxelles (ce qui ne plaira pas à Christine Boutin)

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Le tribunal de Bruxelles vient de condamner un prêcheur de rue pour incitation à la discrimination, à la ségrégation, à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe en raison de leur orientation sexuelle.

"La Bible n'est pas une arme" - Militant.e.s devant le bureau d'un pasteur évangéliste aux USA - Chris Allan/ shutterstock_

Les connaissez-vous, ces prêcheurs de rue qui, de Las Vegas à Paris, haranguent les foules pour les convaincre de se mettre à la page biblique ? Le tribunal de première instance francophone de Bruxelles vient de rendre une très belle décision, qui pourrait bien leur couper la chique, dans le plat pays du moins. Et oui, qu’importent les croyances personnelles, jeter des élucubrations homophobes en pleine rue est une infraction à la loi, une incitation «  à la discrimination, à la ségrégation, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe, d’une communauté ou de leurs membres, en raison de leur orientation sexuelle ».

Selon la décision du tribunal correctionnel de Bruxelles que nous avons pu consulter, Monsieur X était un prolifique sermonneur et exerçait ses talents à Bruxelles. Voici quelques joyeusetés proférées entre le 28 juin 2015 et le 14 août 2017 : « même si la société dit que l’homosexualité n’est pas grave, la bible me dit que c’est un péché, la bible me dit que ce n’est pas normal (…) c’est une abomination » (petite pensée pour Christine Boutin qui est fan de cette expression).

« Jésus n’est pas un pédé, c’est un vrai homme »

« J’ai envie de dire que si aujourd’hui tu ne changes pas à ta mauvaise manière d’agir (sic), tu seras toujours esclave du péché, esclave de la masturbation, esclave de l’iniquité, esclave de l’homosexualité », « aujourd’hui je te le dis : si tu es un pédé repends-toi ! », « Jésus n’est pas un pédé, c’est un vrai homme », «  on a légalisé le mariage homosexuel, ben légalisons aussi le mariage pédophile. Légalisons aussi le mariage pédophile ! Hé bien c’est là où on va ».

Une vidéo de ces prêches haineux avait circulé sur les réseaux sociaux, du pain béni pour les parties civiles. Convoqué au commissariat de police et confronté à ses propos, le prévenu avait plaidé – roulement de tambours – la «  libre pensée » et la «  liberté d’expression ». Il affirme aussi dans un joli argument moranesque, qu’il avait « des amis homosexuels ». Tout en se plaignant de la haine supposée de ses accusateurs (il invoque la «  biblio-phobie »), il ajoute qu’il parlait alors d’un endroit religieux, utilisant sa liberté religieuse et sa liberté d’expression, des libertés fondamentales.

L’argument Boutin ne marche pas

Pour se défendre, le prévenu utilise ce qu’il pense être un argument béton : l’annulation par la Cour de cassation de la condamnation de Christine Boutin pour provocation à la haine suite à son utilisation du mot « abomination ».

Le monsieur s’est pris une fin de non recevoir par le tribunal : « en ce qui concerne le cas de Madame Christine Boutin, évoqué par le prévenu dans ses conclusions, le Tribunal estime qu’il ne dispose pas de suffisamment d’éléments afin de pouvoir, le cas échéant, le comparer à celui-ci dans la mesure où le prévenu ne produit ni la législation française ni l’arrêt de la Cour de Cassation française de sorte qu’il paraît fort hasardeux de se lancer dans une comparaison sans savoir si les choses sont comparables. »

Suite à l’audience du 22 mai dernier, le personnage a été condamné à deux mois de prison et plus de 2000 euros d’amende. Le tribunal a pris en considération « le caractère inqualifiable du comportement du prévenu, qui n’hésite pas à stigmatiser une communauté en tenant des propos crus et choquants à propos des personnes homosexuelles et ce en pleine rue. De l’absence d’amendement du prévenu qui à l’audience donne l’impression qu’il n’a rien à se reprocher, n’ayant obéi qu’à sa foi et revendiquant sa liberté d’expression », entre autres.

 

Merci la Belgique, de rappeler ce qu’« abomination » a de légalement haineux, quand il désigne l’homosexualité. Les abominables vous saluent.

 

  • skye

    Enfin il est condamné. Je suis de Belgique et les propos qu’il tenait me faisait peur. Je suis surprise que le tribunal le condamne, car généralement, le tribunal réagit peu. C’est une petite victoire et cela fait vraiment plaisir 🙂
    On avance petit à petit :3

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