Biphobie : les premiers chiffres de la grande enquête inter-associative
D'après les premiers retours de l'enquête, un tiers des personnes concernées auraient déjà été rejeté.e.s par un.e partenaire, ou possible partenaire, en raison de leur orientation. Et un quart des bi.e.s ou pans n'ont pas pu imposer une protection lors d'un rapport sexuel pour cette même raison.
Le 23 septembre 2017, Journée internationale de la Bisexualité (JIB), les associations Bi’Cause, FièrEs, Act Up Paris, Le Mag et SOS Homophobie lançaient une enquête nationale sur la biphobie. Clôturée depuis le 17 mai dernier, les résultats issus de ses 88 questions seront officiellement communiqués le 23 septembre prochain, à l’occasion de la JIB 2018. Néanmoins, les militant.e.s à l’origine de cette démarche ont tenu à faire un point d’étape en révélant aujourd’hui les premiers chiffres de leur enquête lors d’une soirée à la Mutinerie, à Paris… Et les premiers retours ne surprendront absolument pas les concerné.e.s, qui expliquent depuis des années la difficulté de voir leur orientation remise en question aussi bien -même si cela ne se manifeste pas toujours de la même manière- dans les milieux gays et lesbiens que chez les hétéros.
Une enquête à grande échelle
Sur le questionnaire, diffusé en ligne, les militant.e.s à son origine invitaient le public à répondre aux questions si ils ou elles se retrouvaient dans l’une de ces deux phrases : « vous êtes bi.e ou pan, ou ne vous considérez pas comme lesbienne, gay ou hétéro » et « vous vous considérez comme lesbienne, gay ou hétéro, mais vous avez pu être victime de biphobie ». Au final, 3 624 personnes ont pris le temps de répondre, dont 2 159 femmes, 939 hommes et 526 personnes ne se reconnaissant pas dans la binarité de genre, ayant la possibilité de le nommer elleux-mêmes dans une case « autre ».
Les répondant.e.s sont majoritairement âgé.e.s de 18 à 34 ans (75 % sur deux tranches d’âge), avec 11 % de moins de 18 ans, 11 % de personnages entre 35 et 50 ans et 4 % de personnes âgées de plus de 50 ans, et sont 50 % à habiter dans une grande ville. Ce sont entre autre 49 % de bisexuel.le.s, 29 % de pansexuel.le.s, 8 % de gays et lesbiennes et 2 % d’hétérosexuel.le.s qui se sont, au final, exprimé.e.s.
Des premiers chiffres inquiétants sur la biphobie
D’après les premiers retours de l’enquête associative, un tiers des personnes bisexuelles ou pansexuelles auraient déjà été rejeté.e.s par un.e partenaire, ou possible partenaire, en raison de leur orientation. Et pour 55 % des personnes trans, bi.e.s ou pans, une remise en cause de leur orientation sexuelle a déjà été subie. Il faut dire que 93 % du panel au total a déjà entendu des propos biphobes qui ne leur étaient pas adressés, ce qui a en a conduit 66 % à limiter leur visibilité. En effet, parmi toutes les personnes qui ont répondu aux questions, 38 % confient ne pas pouvoir parler librement de leur orientation en famille, et 44 % ne le fait pas non plus auprès du corps médical.
Parmi les 2 279 répondant.e.s qui ne sont pas des hommes cisgenre, 71 % ont déjà reçu des remarques sexistes en raison de leur orientation sexuelle. Et parmi tou.te.s les personnes ayant répondu aux questions, 37 % ont été victimes d’agression sexuelle, ou de viol. Et en ce qui concerne la prévention en matière de santé sexuelle, 26 % des bi.e.s ne se reconnaissent que dans les campagnes destinées aux publics LGBTI+, contre 3 % ne se trouvant représenté.e.s que dans les campagnes généralistes, apprend-on. Près d’un quart des personnes concerné.e.s rapporte n’avoir pas pu imposer une protection lors d’un rapport sexuel en raison de son orientation.
Au vu de ces premiers résultats qui soulignent une importante corrélation entre la biphobie et la misogynie, ainsi que la transphobie, on ne doute pas que le reste de l’enquête, qui sera dévoilée le 23 septembre prochain, apportera encore plus de précisions. Parmi les dernières questions de ce vaste sondage, des questions étaient en effet spécifiquement axées sur la manière dont la biphobie se manifeste côte à côte avec d’autres discriminations, comme le racisme, le validisme, la psychophobie ou encore la grossophobie.
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