« PMA sans père » : quand Alliance Vita sonde les Français et les Françaises avec des questions biaisées
La Croix a choisi de mettre en avant un sondage d'Alliance Vita, qui parle entre autres, de l'idée de « privilégier le désir d'enfant en permettant la PMA sans père ». Tout un programme.
« Privilégier le désir d’enfant en permettant la PMA sans père ». Vraiment ? On ne va pas vous mentir, on est un peu interloqué.e.s par le sondage réalisé par l’IFOP pour Alliance Vita et relayé par La Croix sur « l’importance de la figure paternelle ». Un sondage réalisé à l’occasion de la fête des pères. Tout un programme.
Alors, que dit ce sondage, présenté comme « une donnée essentielle dans le débat entre les partisans et les opposants de l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules » ? D’abord que 93 % des Français.e.s considèrent que « les pères ont un rôle essentiel pour les enfants », mais aussi que pour 89 % des sondé.e.s « l’absence de père (…) marque toute la vie », 85 % ajoutant que celle-ci peut « entraîner chez l’enfant des difficultés personnelles ».
Le clou du spectacle ? Cette question que l’on vous retranscrit sans commentaires : « Sur la PMA pour les femmes seules ou les couples de femmes, c’est à dire la conception d’un enfant sans père, de laquelle des deux affirmations vous sentez-vous le plus proche ». Réponse, 61 % des sondé.e.s ont choisi l’affirmation suivante : « il faut privilégier le besoin de chaque enfant d’avoir un père en réservant la PMA aux couples homme-femme ayant un problème médical d’infertilité ». Les 39 % restant nous disent plutôt qu’il « faut privilégier le désir d’enfant en permettant la PMA sans père pour les femmes seules ou les couples de femmes. »
« Désir d’enfant »
Alors quoi ? Il faut bien relever que le sondage a été commandé par Alliance Vita, association ultra-conservatrice anti-PMA et anti-mariage pour toutes et tous. Rien de très surprenant donc, de voir que les questions sont orientées. Comment, en effet s’attendre à d’autres réponses lorsque l’on inclut l’idée de « PMA sans père » ou de « désir d’enfant » dans l’intitulé de la question ? Rappelons au passage que l’expression « PMA sans père » n’est ni plus ni moins qu’un élément de langage créé et utilisé ad nauseam par la Manif pour tous, dans le but de dénigrer toutes les familles qui ne rentreraient pas dans le schéma traditionnel « un papa, une maman ». Comme le relève le compte ParisPasRose sur Twitter, on se demande bien pourquoi la question « À ce compte-là, n’est-il pas préférable pour un enfant d’avoir 2 papas » n’a pas été posée.
La reprise de l’étude par La Croix, qui se démarque par sa couverture plutôt juste des questions LGBT+, a de quoi étonner. Certes le journal catholique remarque que les résultats de l’étude « peuvent surprendre » notamment au vu des sondages montrant que la majorité des Français.e.s est pour l’extension de la PMA. Mais celui-ci a tout de même choisi de mettre l’étude en une.
Selon Jérôme Fourquet, le directeur du département Opinion et Stratégies de l’Ifop, « ces résultats ne sont absolument pas contradictoires, tout dépend de la manière dont on pose la question ». Encore faut-il se rendre compte que certaines formulations sont plus biaisées que d’autres.