Deux ans après l'attaque du Pulse, Gays Against Guns dégaine paillettes et talons contre le lobby des armes

Publié le

Il y a deux ans, la terreur frappait en plein coeur de la nuit, au Pulse, un club gay d'Orlando. Entretien avec Paul Rowley, un activiste de l'association anti armes à feux Gays Against Guns.

Les GAG lors de la Marche des fiertés de New York en 2017
Les GAG lors de la Marche des fiertés de New York en 2017 - Gays Against Guns
Article Prémium

Le 12 juin 2016, le feu et la furie faisaient irruption dans la discothèque gay du Pulse, à Orlando, alors que 350 personnes dansaient sur de la musique latino. Quarante-neuf d'entre elles s'effondraient sous les balles de la haine, visées parce qu'elle étaient des personnes LGBT+. Les armes de guerre avaient été achetées légalement. L'onde de choc de cette attaque a été ressentie dans le monde entier, dans tous les petits bars et les grandes discothèques qui pavoisaient en rainbow. La marche des fiertés de Paris, qui se tenait le 2 juillet, s'était déroulée sous très haute sécurité.

Au delà de la peur, l'attaque avait rassemblé la communauté LGBT+, des pionnier.e.s aux bébés. Aux États-Unis, la militante lesbienne Connie Kurtz avait tenu un discours sur le port d'armes, lors d'une veillée funèbre. Et surtout, c'est au lendemain de l'attentat que s'est créé  l'association américaine Gays Against Guns (les gays contre les armes) qui lutte depuis sa création contre la toute puissance du lobby des armes à feu, la fameuse National Rifle Association (NRA). Elle rassemble des centaines de personnes de tous horizons, qui veulent rappeler que la communauté, en particulier les femmes noires trans, paient un lourd tribut au sacro-saint deuxième amendement de la constitution américaine.

« Nous n’allons pas frapper aux portes, nous allons les ouvrir en grand. Et nous allons nous assurer que nos voix sont entendues. » 

En février 2018, dans le lycée de Parkland, en Floride toujours, un jeune lycéen ouvre le feu sur ses camarades tuant 17 personnes. Son fusil d'assaut avait été acheté légalement. Les survivant.e.s se dressent alors contre le lobby des armes et montent jusqu'à Washington pour faire entendre leurs voix. Ils et elles sont même célébré.e.s par Barack Obama dans le numéro des 100 personnes les plus influentes de l'année 2018, du Time Magazine.

Parmi elles, des jeunes voix LGBT+, celles d'Emma Gonzalez et Cameron Kasky. Les lycéen.ne.s avaient été conforté.e.s dans leur combat par les survivant.e.s du Pulse : « Je suis une survivante du Pulse, et nous sommes venus pour donner de l’amour et du soutien aux enfants de cette tragédie. Nous allons parler fort… Nous n’allons pas frapper aux portes, nous allons les ouvrir en grand. Et nous allons nous assurer que nos voix sont entendues », avait expliqué Sylvia Serrano à AJ+. Cette volonté se perpétue à chaque occasion : lundi dernier, aux Tony awards, des lycéen.ne.s de Parkland chantaient pour continuer de crier.

« Deux ans après, on ressent toujours les effets de cet attentat »

Aujourd'hui, c'est une lycéenne d'Orlando, Amanda Fugleberg - traumatisée par l'attentat homophobe - qui s'est alliée aux étudiant.e.s de Parkland pour organiser un die-in anti armes à feu devant le Capitole de Washington (à midi heure locale), pour commémorer ensemble les victimes du Pulse. « L'attaque du Pulse était terrifiante, c'était énorme, a-t-elle expliqué au journal USA Today en précisant qu'elle s'était inquiété pour ses cousins, qui appartiennent à la communauté LGBT. « Deux ans après, on ressent toujours les effets de cet attentat ».

Cette alliance forte née sous les balles d'Oncle Sam, le New-Yorkais Paul Rowley - membre de l'association Gays Against Guns depuis le début - a choisi de la raconter à Komitid. Il a parlé de son ressenti de l'attaque du Pulse, la naissance du mouvement et l'engagement de tous et toutes dans les paillettes.

Dans quel contexte l'association Gays Against Guns a-t-elle été créée ?

Paul Rowley : Gays Against Guns (GAG) a été créé la semaine après le massacre du Pulse. Je n’oublierai jamais ce dimanche matin de juin 2016, quand je me suis réveillé avec les infos. La nuit d’avant, j’avais fait le DJ dans un bar gay jusqu’à quatre heures, j’avais pris le métro habillé en drag. Je me souviens de m'être fait la réflexion qu’on en avait fait du chemin, car je me sentais en sécurité dans la rue. Et puis je me réveille le matin et j'entends que 49 de nos sœurs et frères ont été massacré.e.s à l'arme de guerre, alors qu’ils et elles riaient et dansaient dans un espace safe, qu’ils et elles avaient construit ensemble. Je n’avais pas de mots. On était tous sous le choc. Il fallait faire quelque chose.

Pour continuer la lecture de cet article :

Vous avez déjà un accès ?

Identifiez-vous

Centre de préférences de confidentialité