VIH : Gilead soigne son image avec une campagne de pub télévisée
Le laboratoire pharmaceutique met le paquet pour redorer son blason malgré des pratiques décriées par associations et personnes séroconcernées depuis déjà... plusieurs dizaines d'années.
Le géant américain de l’industrie pharmaceutique Gilead n’en finit pas de faire parler de lui. Après un partenariat surprenant avec les GLAAD Awards qui, grâce aux militant.e.s d’Act Up New York, n’est pas passé inaperçu début mai 2018, le labo décrié pour ses pratiques ultra-capitalistes essaie une fois de plus de se positionner comme fer de lance des luttes LGBT+, et contre le sida. Gilead vient en effet de lancer une campagne télévisée nationale « inclusive », aux États-Unis, pour inviter tou.te.s les sexuellement pratiquant.e.s à utiliser le préservatif, et se faire dépister : « Honestly ».
Pinkwashing de Gilead : la pilule a du mal à passer
« Honnêtement, on aurait du mettre un préservatif, mais on a été distraits », « Je sais que je devrais me faire dépister, mais honnêtement, j’ai peur de savoir », « Honnêtement, on est ensemble depuis longtemps, donc se faire dépister ne m’a jamais traversé l’esprit », « Honnêtement, personne n’a envie de penser au VIH » : tel est le leitmotiv de ce spot télévisé, qui incite le public à se préoccuper de sa santé sexuelle, avant de l’inviter à se rendre sur le site internet dédié à la campagne, sous le logo Gilead. Et honnêtement ? La pilule a du mal à passer. Outre-Atlantique (entre autres), le labo garde en effet une mainmise de fer sur les brevets du Truvada, rendant l’accès au traitement extrêmement difficile pour les personnes séropositives les plus précaires, dans un système de santé qui ne pardonne pas grand chose aux personnes qui osent tomber malades.
De nombreux et nombreuses militant.e.s de la lutte contre le sida n’ont pas hésité à rappeler que cette entreprise (loin d’être la seule à avoir ces pratiques) n’est pas l’amie des communautés qu’elle cible avec ces démarches de communication, car elle avait déjà une posture des plus discutables dans les années 90. Dans 120 battements par minute, les laboratoires « Melton Pharm » sont fictifs – sans doute pour éviter l’attaque en diffamation – mais illustrent parfaitement ces agissements. Écoeuré.e.s par ce pinkwashing, les activistes d’Act Up Paris avaient d’ailleurs, durant la Marche des Fiertés de Paris de 2017, zappé le char de Gilead.
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