Pinkwashing d'Israël : Océan refuse à son tour de présenter son film au TLVFest
Le festival du film LGBT de Tel Aviv croule sous les annulations d'artistes dénonçant les violences inouïes d'Israël contre les civil.e.s et militant.e.s palestinien.ne.s qui réclament justice sur la bande de Gaza.
Le Festival du film LGBT de Tel Aviv, le TLVFest, c’est jusqu’au 9 juin mais cette année il suscite plus de remous que d’enthousiasme, et pour cause. Cette fois, le pinkwashing – qui s’est vu comme le nez au milieu de la figure après la victoire de la candidate israélienne à l’Eurovision – est très dur à avaler, alors que le peuple palestinien – citoyen.ne.s, journalistes et militant.e.s – subit le feu de Tsahal plus fort que jamais. Ce week-end même, la foule se recueillait lors des funérailles de l’infirmière Razan Al-Najjar, 21 ans, morte d’une balle en plein cœur alors qu’elle manifestait dans la bande de Gaza.
La semaine dernière, Océan a ainsi demandé au festival de déprogrammer les séances de son film Embrasse-moi !. Il a publié un texte justifiant son choix sur les réseaux sociaux : « En solidarité envers le peuple palestinien et pour affirmer mon désaccord total avec la politique d’Israël envers la Palestine, et parce que je refuse de participer à la politique de pinkwashing faite par le gouvernement israélien, je me dois de refuser que mon film soit projeté au festival de Tel Aviv. J’en suis sincèrement désolé pour le public du festival, auprès de qui je m’excuse, car je sais bien que les civils sont tout aussi victimes de la politique de leur gouvernement ; je fais une absolue distinction entre les citoyens israéliens et ceux qui les gouvernent, mais les violences faites aux palestiniens, y compris les LGBT, par l’armée et l’État m’obligent à affirmer mon impossibilité à m’inscrire dans cette programmation à ce jour. »
Malgré cela, son film figure toujours au programme, tout comme celui du réalisateur français Sylvain Coisne, qui a annoncé son intention de retirer son court métrage Dylan, Dylan. Le TLVFest avait informé le réalisateur que les tickets étaient déjà vendus et que la projection se ferait donc contre sa volonté. Le film 120 battements par minute est également programmé, Robin Campillo ne s’est pour l’instant pas exprimé sur son intention de retirer 120 BPM de l’événement culturel.
Un relais international
De très nombreuses personnes ont également refusé de participer au festival. Linn da Quebrada, une voix majeure des personnes noires et pauvres LGBT marginalisées au Brésil, devait participer à la Queer Party du Festival le 6 juin. Elle a déclaré : « Sachant qu’en Israël il y a aussi des personnes qui souffrent d’oppression, dans leurs corps et dans leurs désirs, j’ai décidé d’annuler ma participation, de rejoindre le boycott culturel qui a grandi dans le monde entier ces derniers mois ».
Le Festival international Pakistanais des minorités Aks a annoncé qu’ils se retirait d’un panel de réalisateurs de TLVFest : « Aks a promu de longue date les droits humains et exprime sa solidarité avec les militants de Palestine, particulièrement les militants palestiniens queers, qui s’opposent à la violation des droits civils palestiniens par le gouvernement israélien. »
Hind Awwad de la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel (PACBI) évoque une « révolution » : « Nous sommes profondément reconnaissants pour ces expressions de solidarité de la part des artistes et des collectifs se retirant de TLVFest 2018. L’exploitation par Israël d’événements LGBT pour “pinkwasher” ses politiques meurtrières contre les Palestiniens devrait être universellement condamnée et isolée ; c’est une contribution minimale à notre lutte non-violente pour la liberté, la justice et l’égalité des droits ».