Une enseignante trans outée et mise en danger sur Twitter
Le tweet a été supprimé, mais internet n'oublie rien. Le risque de harcèlement transphobe perdure.
Voilà déjà deux jours qu’une capture d’écran révélant les informations privées d’une femme trans circulait sur Twitter. Un internaute avait décidé de poster sur le réseau social un courrier de l’établissement scolaire de son enfant annonçant la transition d’une professeure et de « sonder » ses 4661 abonné.e.s, en demandant ce qu’ils et elles auraient pensé en recevant le dit courrier. Si la démarche était au pire malveillante, au mieux maladroite, elle était surtout dangereuse, car sur ce post Twitter public, le nom de l’enseignante trans en question (d’ailleurs mégenrée dans le courrier de la principale appelant à la bienveillance à son égard) ainsi que les coordonnées de l’établissement francilien n’avaient pas été masquées.
Publications ouvertes et responsabilités : risque de harcèlement transphobe
Plusieurs militant.e.s ont immédiatement interpellé Twitter afin que la modération intervienne, tout en rappelant ses responsabilités à l’Éducation Nationale dans l’affaire. Ils et elles en ont aussi profité pour reposer le b.a.-ba des bonnes et des mauvaises pratiques des réseaux sociaux, notamment en matière d’outing.
Face à la mobilisation en ligne, Raphaël Gérard, député LREM de Charente-Maritime, a lui aussi interpellé Marlène Schiappa, qui avait déjà répondu à Adrian De La Vega. Reprenant l’argumentaire des concerné.e.s déjà en ligne depuis de nombreuses heures dans un communiqué, il a alerté la Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes sur les violences transphobes pouvant découler de la diffusion de ce courrier sur les réseaux sociaux.
« Nous sommes plus inquiets du traitement médiatique de l’affaire que de ce qu’il s’est passé sur Twitter »
Malgré cette vague de signalements de la part de twittos et twittas indigné.e.s, la capture d’écran est restée visible pendant près de 48h, épinglée sur le profil de l’internaute, avec 1 341 retweets et 841 « j’aime » avant d’être finalement supprimée, aux alentours de 13h aujourd’hui. Mais internet n’oublie rien, et ce tweet (dont d’autres captures auront eu le temps d’être faites) constitue une véritable incitation au harcèlement.
Contactée par Komitid, l’Académie de Créteil a assuré être bien au fait de ces évènements. « L’Éducation nationale n’est pas en mesure d’exercer une protection concrète pour la personne concernée, donc l’établissement est en lien avec la police », a assuré la responsable communication du rectorat, précisant que la hiérarchie soutenait pleinement l’enseignante. « Mais il n’y a pas toujours un transfert entre ce qu’il se passe dans la sphère numérique et la vie réelle. Nous sommes présents à ses côtés, pour répondre aux besoins qui seraient les siens ». Le service communication du rectorat se veut confiant : « Les enfants se fichent bien que leur prof soit un homme, une femme ou en transition, ce sont les regards extérieurs qui les amènent à porter un jugement. Pour l’instant nous sommes plus inquiets du traitement médiatique de l’affaire que de ce qu’il s’est passé sur Twitter ».
La manière dont certains médias, notamment Le Parisien, ont traité le sujet semble donner raison à l’Académie de Créteil.