Entre réussite et manque d'information, le bilan des deux ans de la PrEP en France

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Avec 7 000 bénéficiaires, la PrEP s'est (un peu) démocratisée depuis son lancement en France. Mais il faudra encore bien de la volonté de l'État pour faire passer la pilule qui protège du VIH à l'étape supérieure. Qu'en disent les militants, médecins et prepeurs ? Komitid leur a posé la question.

PrEP
Pilules pour la PrEP / Shutterstock
Article Prémium

Sept mille. C'est, à la louche, le nombre de personnes qui bénéficient de la PrEP en France. Lancé il y a un peu plus de deux ans dans l'Hexagone, le médicament (son équivalent générique Truvada) permet de se protéger contre les risques de transmission du VIH. Il est remboursé par la sécurité sociale pour les population dites à risques. Parmi ceux que l'on nomme les prépeurs, on compte 95 % d'hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes.

Intégralement remboursé par la sécurité sociale, le traitement préventif est encore bien loin d'être aussi répandu en France qu'il l'est aux États-Unis. Prise en continu avec une pilule par jour, ou à la demande suivant l'activité sexuelle, elle est jugée par la communauté scientifique comme aussi efficace que le préservatif.

Malgré son bilan positif, il reste de nombreuses critiques à son égard : la pilule est accusée de coûter plus cher que le préservatif, de le ringardiser, voir même de favoriser la propagation d'infections sexuellement transmissibles (IST).

Pour faire le point sur la situation, Komitid a décidé d'interroger Jean-Michel Molina, le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris, Christian Andreo, le directeur Général Adjoint de Aides ainsi que deux utilisateurs de la PrEP, le parisien Yuzhen et le lillois Maxime.

Que disent les chiffres ?

D'après la dernière étude en date, ils étaient 7 000 à bénéficier de la PrEP en 2017, 200 à 300 personnes s'ajoutant au total chaque mois.  «Ce n'est plus une phase de test, la France a été le deuxième pays au monde à avoir approuvé la PrEP », juge Jean-Michel Molina .  « On espère que combiné au traitement précoce et à un meilleur dépistage, on pourra impacter l'épidémie et voir diminuer le nombre de nouveaux diagnostics en France. »

Christian Andreo de Aides, nuance : «On en est à 7000 personnes sous PrEP. C'est pas suffisant, c'est certain, pour endiguer l'épidémie. C'est une montée très progressive, qui est, d'une certaine façon, décevante, c'est ce que l'on voit, dans le groupe PrEP Dial, la plus grosse communauté francophone de prepeurs sur Facebook. Pour les gens, la prise de la PrEP se passe bien ».

Le militant aimerait accélérer la cadence, car selon une étude récente, « 94 % des gays nouvellement contaminés auraient été éligibles à la PrEP ». 

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  • hlatapie

    Formidable de faire un article pour faire le point sur la PrEP en n’interrogeant que les artisans de sa mise en place : le professeur Molina instigateur d’Ipergay et très lié au laboratoire Gilead, et l’ancien directeur salarié de Aides également très impliqué dans la mise en oeuvre de la PrEP à grande échelle.
    Vous nous annoncez un nouveau média indépendant, avec des journalistes professionnels, si vous commencez comme cela, cela commence mal.

    Il y a des personnes qui s’opposent à cette campagne de marketing qui a été faite à grande échelle pour promouvoir la PrEP, nouvel outil qui devait être limité à une petite niche.
    Il y a des chercheurs qui enquêtent et s’interrogent pour voir comment cela se passe sur le terrain. Il y a notamment des abandons, des craintes sur l’apparition de virus résistants. Il y a des déçus de la PrEP, des non observants, comme il y a toujours eu des personnes qui ne mettaient pas la capote.

    Surtout cela ne prend pas comme on l’espérait… On s’en doutait et on l’a annoncé : prendre un traitement quand on n’est pas malade c’est compliqué à tenir sur la durée.

    La flambée des IST s’explique effectivement par l’abandon du préservatif (et non par la PrEP, mais celle ci accentue le barebacking), du reste elle touche en premier lieu les séropos qui ne sont pas concernés par la PrEP et qui sont suivis régulièrement par leur médecin, donc l’argument de dire que le suivi médical viendra à bout des IST par le simple dépistage plus régulier ne tient pas.

    C’est pourquoi la question se pose aujourd’hui : n’est-il pas temps de rectifier le tir et de rééquilibrer les messages de prévention, cesser de dépenser des millions d’euros pour généraliser la PreP et réactualiser te moderniser le safre sex ?

    Voilà un certain nombre de discussions qu’un article digne de ce nom aurait pu poser.