En Géorgie, la jeunesse danse pour réclamer plus de liberté
Après des descentes de police dans deux clubs liés à la communauté LGBT+, la jeunesse entre en résistance et montre son ras-le-bol. Une mobilisation sans précédent, à quelques jours du 17 mai.
Ce week-end du 12 au 13 mai, les murs de la capitale géorgienne Tbilissi ont tremblé aux sons des basses. Quelques jours plus tôt, les descentes de police dans deux clubs ont provoqué la colère d’une partie de la population, qui a alors investi l’espace public pour danser et clamer sa soif de liberté dans cet ancien pays de l’Union soviétique très conservateur. Une rave party aux accents très politiques, qui rassemble la jeunesse géorgienne.
Pas « qu’une histoire de clubs »
Dans la nuit de samedi à dimanche, deux lieux étaient visés par une opération anti-drogues, le Café Gallery et le Bassiani, symbole de la contre-culture, club techno ultra prisé à travers toute l’Europe, et organisateur des célèbres soirées queers Horoom. Pour l’un des co-propriétaires du Bassiani, Zviad Gelbakhiani, il s’agissait d’« une opération contre la liberté » et non d’un coup de filet pour arrêter des dealers. Comme le rapporte The Guardian, le Café Gallery et le Bassiani ont une histoire liée à la communauté LGBT+ géorgienne et sont considérés comme « des refuges de tolérance et de valeurs progressistes ».
Pour Mariam Murusidze, du Café Gallery, ce qui s’est passé n’est pas « qu’une histoire de clubs » : « C’est un combat entre le passé soviétique de ce pays et la dictature dans laquelle nous vivions, l’État policier dans lequel nous vivions, et le futur que nous voulons pour notre pays. »
Un 17 mai sous tensions
Ce dimanche 13 mai, alors que des centaines de manifestant.e.s étaient rassemblé.e.s, un groupe de nationalistes est passé à l’attaque. L’intervention des forces de l’ordre a permis d’éviter un affrontement violent. La mobilisation de la jeunesse de Tbilissi sur fond de techno cristallise toutes les tensions de la société géorgienne, tiraillée entre son envie de rejoindre l’Union européenne et d’embrasser des valeurs d’ouverture et de progrès, et le poids encore très prégnant du conservatisme et des traditions.
Une grande hostilité règne encore au regard de l’homosexualité en Géorgie. Jeudi 17 mai, une marche à l’occasion de la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (Idahot) défilera dans les rues de Tbilissi. Ce n’est probablement pas un hasard si l’Église orthodoxe a prévu d’être dans la rue le même jour, à l’occasion du jour de la Pureté de la Famille…