Pourquoi « Girls », le nouveau single de Rita Ora, est vivement critiqué par des chanteuses queer
La chanson, qui se veut « un hymne à la bisexualité », a été dénoncée comme « malaisante » et de « mauvais goût » par de nombreux artistes, dont Kehlani et Hayley Kiyoko. Explications.
« Parfois je veux juste embrasser des filles, filles, filles. Vin rouge, filles, filles, filles. » Non, ces paroles ne sortent pas d’une chanson datant de 1995. Elles viennent tout droit du nouveau single de Rita Ora, Girls, sur lequel l’artiste britannique est accompagnée de Charli XCX, Cardi B et Bebe Rexha.
La chanson a beau être décrite comme un « hymne bisexuel » et une « ode à la liberté », elle ne plaît pas, mais alors pas du tout, à de nombreuses artistes queer. Explications.
Tout commençait pourtant bien : « J’ai l’esprit ouvert, je suis 50/50 et je ne vais pas le cacher » chante Rita Ora au début de la chanson. Un coming out bisexuel ? Pas vraiment, d’après une interview de la chanteuse dans People : « Si les gens voient les choses comme ça, c’est très fermé d’esprit et je ne crois pas que ce soit ce qu’est ce morceau ».
« Soeur ciseaux », « rouge à lèvre », « vin rouge »… tous les clichés de la bisexualité semblent avoir été repris par les quatre artistes. En référençant de nombreux clichés, le morceau rappelle I Kissed a Girl de Katy Perry dans ces paroles. Sauf que la chanson a désormais plus de 10 ans et que la pop star elle-même a indiqué qu’elle ne l’écrirait pas de la même façon aujourd’hui.
« Male gaze »
Accusée de queerbaiting et de fétichisation des femmes queers, la chanson s’est attiré les foudres de Hayley Kiyoko, artiste américaine qualifiée de « jésus lesbienne » par ses fans : « Je n’ai pas besoin de boire du vin pour embrasser des filles. Ce genre de message est dangereux parce qu’il minimise et invalide complètement les sentiments d’une communauté entière », écrit-elle dans un post Instagram.
« Ce genre de message est dangereux parce qu’il minimise et invalide complètement les sentiments d’une communauté entière »
« Une chanson comme celle-ci renforce le male gaze tout en marginalisant les femmes qui aiment les femmes. Je sais que ce n’était pas l’intention des artistes, mais le manque de considération de ces paroles est vraiment ce qui m’énerve. Nous pouvons et devons faire mieux. »
Hayley Kiyoko n’a pas été la seule à dénoncer l’oeuvre. L’artiste Kehlani, ouvertement queer, a également parlé, sur Twitter, d’un morceau « qui fait du mal ». « Toutes les artistes de ce morceau sont fantastiques » écrit-elle. « Mais je ne parle pas de talent. C’est un choix ». La DJ Kittens suggère aux chanteuses « de ne pas capitaliser sur l’identité des gens ».
La polémique ne semble en tout cas pas choquer la presse française. De nombreux internautes ont également réagi, critiquant les choix de Rita Ora. Celle-ci, pourtant très friendly, n’a pour l’instant pas commenté la polémique. Seule Bebe Rexha s’est fendue d’un tweet dénonçant « les trolls, vivant dans la cave de leurs parents ». Des trolls, ou alors les premier.e.s concerné.e.s ?