Rafiki, KStew, Honoré et même Whitney Houston : Komitid déclare ouvert le Festival de Cannes
Aujourd'hui, Cannes fait son festival. L'institution tente de faire amende honorable pour sa première édition post affaire Weinstein, avec un jury et des sélections plus féminines et moins blanches que d'habitude. On a l'oeil plus écarquillé que jamais.
Le changement c’est maintenant ? Cannes 2018, c’est la première édition du Festival sans la présence du producteur Harvey Weinstein et paradoxalement, il est omniprésent. Car l’institution, qui a souvent offert son tapis rouge à des hommes de la trempe d’Allen, de Von Trier ou de Kechiche, tout en invitant les femmes à porter des talons hauts, essaie de faire amende honorable après les révélations qui ont enclenché le mouvement #metoo.
Cette année, pas d’Audiard et finalement pas de Dolan (ouin ouin), mais un jury majoritairement féminin, moins blanc et plus LGBT friendly que d’habitude : l’inénarrable Kristen Stewart (alias Kstew, alias bitch resting face queen), la réalisatrice et productrice afro-américaine Ava Du Vernay, le Coréen Chang Chen (Happy together) et Léa Seydoux (La vie d’Adèle), entre autres, seront chapeauté.e.s par l’extraordinaire Cate Blanchett (Carol).
Pour ce qui est de la sélection, elle est aussi relativement plus diverse que d’habitude, même si sur 21 films présentés, on ne compte que 3 réalisatrices. « Cannes n’est que le reflet d’une longue chaîne (…) dans le monde les femmes représentent 7 % des réalisateurs, à Cannes on est à 20 % », s’en est excusé Thierry Frémaux sur France Inter. Le directeur du festival en a profité pour souligner que serait projeté un documentaire sur la pionnière oubliée du cinéma, Alice Guy.
En compétition officielle, plusieurs films très attendus se partageront les palmes : Blackkklansman du réalisateur et documentariste Spike Lee (un policier noir parvient à infiltrer le réseau du Ku Klux Klan), Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré (une histoire d’amour homosexuelle), Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez (avec le génial Nicolas Maury qu’on adore dans la série Dix pour cent).
Dans la sélection Un certain regard, qui récompense les premiers films, la réalisatrice kenyane Wanuri Kahiu présentera son très attendu Rafiki (qui raconte une histoire d’amour lesbienne), le jeune flamand Lukas Dhont présentera Girl (l’histoire d’une jeune femme trans qui veut devenir danseuse étoile), Meryem Benm’Barek donnera à voir son premier film, Sofia, l’histoire d’une jeune Marocaine qui donne naissance hors mariage, et le film de la Syrienne Gaya Jiji, Mon tissu préféré, reviendra sur les premières années de la guerre civile syrienne, du point de vue d’une jeune femme promise à un expatrié.
Hors compétition, on attend tous et toutes le documentaire biographique de Kevin Macdonald, Whitney Houston, qui promet de ne pas tourner autour de la nature de l’histoire de la star avec « son assistante » et « meilleure amie », Robyn Crawford. Enfin, le Festival a décidé de projeter le chef-d’oeuvre interdit de Jacques Rivette avec Anna Karina, La Religieuse. Cela nous donne bien envie de revoir ce film de bonnes soeurs, qui avait créé le scandale dans la France gaulliste.