Révolution trans dans « Plus Belle La Vie » : un tournant pour la fiction française ?
En castant Jonas Ben Ahmed pour incarner Dimitri, un jeune trans, la série « Plus belle la vie » a marqué les esprits. Est-ce le signe que la fiction française est en train de revoir son traitement de la transidentité ? Komitid a enquêté.
Tout se passe comme si la petite musique de fond avait changé, que la porte s'était un tout petit peu entrouverte. Souvenez-vous, en mars dernier, les médias français se sont mis à discuter de l'arrivée d'Antoine, un personnage trans, dans le feuilleton Plus belle la vie. L'acteur trans Jonas Ben Ahmed avait été choisi pour incarner Dimitri, le responsable d'une association locale qui aiguille ce personnage dans la série. Une double première en France pour une série aussi grand public, suivie tous les jours par 3 à 4 millions de téléspectateurs.
Avec Jonas Ben Ahmed, c'est la question de la transidentité qui devient visible au plus grand nombre. D'où cette question : la France est-elle en train de vivre ce que les États-Unis ont connu il y a quelques années avec Laverne Cox ? Ce pourrait être un moment clef après lequel les questions liées à la transidentité deviendraient mainstream.
Alors, verrons-nous, dès demain, un policier trans dans Profilage, ou la femme de Christian Clavier dans une comédie franchouillarde incarnée par une actrice trans ? Peut-être pas. Mais l'arrivée de Dimitri dans PBLV (comme disent les intimes) est un virage pour la communauté trans française. Un constat partagé par Karine Espineira, sociologue des médias et chercheuse associée de l'Université de Nice-Sophia-Antipolis : « Je crois que c'est peut-être le tournant qui était attendu », explique-t-elle à Komitid.
« J'avais déjà vu un tournant sur la visibilité de la transidentité » continue la sociologue. « On a de plus en plus de jeunes qui sont visibles notamment sur Internet, et donc Jonas, avec ce rôle, est un garçon de son temps. »
Même son de cloche du côté des acteurs et actrices trans. Pascale Ourbih, l'une des premières actrices trans à avoir tenu le rôle principal d'un film français (Telma en 2002), se dit « agréablement surprise, mais pas étonnée ». D'autant que pour une fois, il s'agit d'un homme trans qui est mis en scène, un fait rare dans la fiction française. Pour l'actrice, c'est justement le signe que l'on sort enfin des clichés. Parce qu'il faut bien l'avouer, la plupart des personnages trans de la fiction française sont des femmes, souvent prostituées, leur transidentité devenant un objet cinématographique vu comme transgressif.
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