Mobilisation pour sauver Moussa : la députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon affirme que le jeune homme a menti
La députée LREM affirme que Moussa a menti sur son orientation sexuelle dans le but de rester en France. Une version vivement contestée par les militant.e.s de AIDES, pour qui Moussa est, de toute façon, en danger s'il devait être expulsé. Le TGI de Lyon doit statuer sur son sort cet après-midi.
La mobilisation contre l’expulsion de Moussa, jeune guinéen bisexuel, est montée d’un cran. Le jeune homme a été placé en garde à vue à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry dans la matinée du jeudi 3 mai. En attente d’une comparution immédiate pour refus d’embarquement, il courrait le risque imminent d’être renvoyé dans son pays via un vol Lyon-Casablanca prévu en fin d’après-midi le même jour. Un rassemblement dans le terminal A1 a eu lieu. Aux alentours de 16h30 hier, Moussa a échappé à l’expulsion.
D’après AIDES, il a ensuite été placé en garde à vue. La situation n’est donc pas réglée pour autant. Le sort de Moussa est maintenant entre les mains du TGI de Lyon, où il comparaitra cette après-midi à 14h. Son avocate va demander le renvoi vers le réexamen de sa demande d’asile, a confirmé Aides auprès de Komitid. Il sera décidé à l’issue de l’audience si Moussa devra rester en détention, ou bien s’il sera libéré le temps du réexamen.
À Paris, mais aussi à Nantes, Metz ou Nîmes, des rassemblements ont eu lieu hier pour stopper son expulsion.
La mobilisation en soutien à Moussa a aussi été largement relayée sur les réseaux sociaux. Et a pris une tournure inattendue. Interpellée sur Twitter par la militante de l’association AIDES Chloé Le Gouëz, la députée La République en Marche Laurence Vanceunebrock-Mialon a affirmé jeudi 3 mai que Moussa avait menti sur son histoire : « Il n’est pas gay et n’a pas assisté à la mort de son compagnon brûlé vif ».
Cette déclaration a vivement fait réagir plusieurs militants, dont Christian Andreo, directeur général adjoint de AIDES.
Les militant.e.s de Aides, plus que sceptiques
Plusieurs sources contestent vivement la version des faits de la députée. Pour les militant.e.s de l’antenne nîmoise de Aides, joints par Komitid, les affirmations de Laurence Vanceunebrock-Mialon ne tiennent pas la route. Antoine Henry, chargé de communication de l’organisation au niveau national se dit lui aussi très sceptique face aux allégations de la parlementaire : « Je suppute que c’est la version de la préfecture. On maintient la nôtre. Moussa a clairement établi sa bisexualité durant sa demande d’asile. Nos militants locaux le connaissent bien. » Il affirme en outre que la préfecture du Gard tient « un double discours depuis le début » : « Elle est championne en matière d’irrégularité dans l’examen des demandes. »
Auprès de Komitid, la préfecture du Gard a déclaré ne pas être à l’origine des informations révélées par Laurence Vanceunebrock-Mialon et que les informations relatives à l’orientation sexuelle relèvent de la vie privée. Elle affirme appliquer les décisions de la CNDA et de l’Ofpra et ne pas avoir connaissance de ces éléments du dossier.
La députée persiste
Contactée par Komitid, la députée LREM s’est expliquée : « J’ai passé mon dimanche soir et une partie de la nuit et le lundi à tenter de trouver une solution et d’inciter les gens concernés à faire en sorte de stopper l’expulsion. Je n’ai appris que le lundi soir par un autre collègue qui avait eu dans la journée connaissance du dossier que Moussa avait inventé tout ceci pour rester en France. » La députée a refusé de révéler à Komitid le nom de la source lui ayant affirmé que Moussa n’était pas homosexuel ou bisexuel. Il semble que cette nouvelle ait donc mis un coup d’arrêt à sa volonté d’intervenir sur le dossier Moussa.
Toujours auprès de Komitid, la députée a évoqué l’amendement de la loi asile-immigration qui vise à exclure de la liste des « pays d’origine sûrs » ceux où l’homosexualité est criminalisée : « J’ai tout à fait conscience que l’amendement qui a été voté va inciter des personnes non gays à affirmer l’être », a déclaré la parlementaire ouvertement lesbienne, qui s’est abstenue lors du vote en première lecture de la loi asile-immigration le 22 avril dernier. « Tout cela ne remet pas en cause que Moussa ait été très présent en tant que militant, mais il ne lui est pas arrivé tout ce qu’il a raconté » conclut-elle.
Homo ou pas, Moussa est en danger
Reste que, quelle que soit son orientation sexuelle, Moussa a été particulièrement médiatisé ces derniers jours. Comme le rappelait Sadeddine Derras, salarié de Aides, auprès de Komitid, « tout le monde connaît l’histoire de Moussa, qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux, et même au pays, ce qui rend la situation encore plus dangereuse pour lui ». Peu importe son orientation sexuelle, Moussa court désormais de graves risques dans son pays d’origine.
Un nouveau rassemblement devant le TGI de Lyon a été annoncé :
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Tiens tiens, Moussa aurait alors menti, juste pour rester en France, dit la députée Laurence VM. Et bien, je pense qu’elle est bien informée, et je pense qu’elle a raison.