Pour la Journée nationale du souvenir de la déportation, les associations LGBT+ honorent la mémoire des Triangles roses
Ce dimanche 29 avril, les associations LGBT+ seront présentes pour se souvenir des homosexuels assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le dernier dimanche d’avril marque chaque année la Journée nationale du souvenir de la déportation. En ce 29 avril 2018, de nombreuses commémorations et hommages ont lieu partout en France à la mémoire de ceux et celles qui ont été victimes de la barbarie nazie.
Pour les associations LGBT+, c’est aussi une occasion d’être présente et de rappeler le sort des Triangles roses, ces homosexuels déportés dans les camps de concentration, contraints aux travaux forcés, marginalisés par les autres détenus des camps, mais aussi torturés sous couvert d’expériences médicales. Sur le site de l’association des Oublié.e.s de la Mémoire, une liste des différentes commémorations où seront présentes des associations LGBT+ a été publiée.
Rares ont été les survivants parmi les Triangles roses, et plus rares encore sont ceux qui ont osé témoigner de ce qu’ils avaient vécu dans les camps. Après la Seconde Guerre mondiale, l’homosexualité est restée un tabou, ceux qui ont été déportés sur ce motif n’ont pu obtenir aucune réparation, ni aucune reconnaissance. Plusieurs décennies après leur libération, quelques rescapés oseront parler de l’horreur vécue, comme Pierre Seel, survivant du camp de Natzweiler-Struthof et décédé en 2005 ou Rudolf Brazda, survivant du camp de Buchenwald, décédé en 2011 et considéré comme le dernier rescapé connu des Triangles roses.
Longtemps, les commémorations de la déportation ont occulté les homosexuels assassinés dans les camps. Ce n’est que récemment que les pouvoirs publics ont enfin reconnu les victimes : en 2001, Lionel Jospin, alors Premier ministre de Jacques Chirac, prononce ces quelques mots lors de la Journée nationale du souvenir de la déportation : « Il est important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l’Occupation contre certaines minorités – les réfugiés espagnols, les Tziganes ou les homosexuels. Nul ne doit rester à l’écart de cette entreprise de mémoire. »
Certains continuent de contester la déportation des homosexuels, malgré les travaux des historien.ne.s sur le sujet. En 2012, Christian Vanneste, alors député UMP et connu pour ses positions homophobes assumées, avait décrété qu’ « il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France ». Il avait été soutenu par la polémiste Élisabeth Lévy, pour qui la déportation des homosexuels est une « croyance » entretenue « par le lobby homosexuel ».
Pour aller plus loin :
Sorti en 2016, le roman de Daniel Arsand Je suis en vie et tu ne m’entends pas (Actes Sud) raconte l’histoire fictive de Klaus Hirschkuh, un Allemand tout juste sorti de Buchenwald où il a connu l’enfer de la déportation. Âpre et douloureux, ce roman est une plongée vertigineuse dans l’horreur la plus indescriptible.
En 2005, le téléfilm Un amour à taire, porté par les comédien.ne.s Jérémie Rénier, Bruno Todeschini et Louise Monot raconte l’histoire tragique d’un couple d’hommes durant l’Occupation en France, et montre au grand public ce qu’ont vécu les Triangles roses.