Mariage pour tous : 5 ans plus tard, il marche... mais n’est pas un marché
Cinq ans après l’ouverture du mariage à tous les couples, le paysage de l’économie nuptiale ne semble pas vraiment changé. Komitid a mené l’enquête pour comprendre ce faible engouement.
Ce mois d’avril 2018, qui marque les cinq premières années de l’ouverture du mariage aux couples gays et lesbiens, s’est installé sous un radieux soleil qui fleure déjà bon l’été. Les papillons papillonnent, les bourgeons bourgeonnent, et la presse spécialisée mariage applique avec zèle la recommandation de ne pas se découvrir d’un fil en faisant le choix de ne pas se mouiller du tout : pas de mention de cette date anniversaire dans les éditions printanières de ces publications. Encore moins de couverture.
« Se marier en Nouvelle Aquitaine », « D.I.Y. : toute la papeterie de votre mariage », « Fleurs, dragées, déco : les détails indispensables »… Le choix des sujets montre bien que les priorités sont ailleurs. Petit sursaut d’espoir à la lecture du titre de l’édito chez Oui Magazine… et déconfiture instantanée. Le mot « égalité » est ici employé pour dire que désormais, dans les couples hétéros, les hommes mettent eux aussi les mains dans le cambouis de l’organisation du mariage.
5 ans du « mariage homo » : un décalage entre les chiffres et les mots
Y a-t-il eu si peu de mariages chez les couples de femmes, et les couples d’hommes, ces cinq dernières années, pour que le sujet manque de passer inaperçu en cette date anniversaire ? Ce n’est pas tout à fait ce qu’indique l’Insee.
Certes, passé l’enthousiasme de cette avancée pour les couples lesbiens et gays (7 367 mariages de couples de même genre en 2013, puis 10 522 en 2014), les mariages arc-en-ciel sont légèrement redescendus vers une moyenne autour des 7 000 par an. Mais ce chiffre semble se stabiliser, alors que l’on constate une nette diminution des mariages hétéros depuis 2013, qui passent de 231 225 en 2013 à 221 000 en 2017, au profit du Pacte civil de solidarité (Pacs). Tandis que le Pacs reste stable chez les gays et les lesbiennes (malgré une légère baisse en 2013).
Bien que la proportion de mariages homosexuels semble moindre dans l’équation finale, il est là. Et représente en conséquence un marché, nouveau et stable, à côté des unions hétérosexuelles qui semblent perdre en vitesse.
Expédition en terre hétéro : le Salon Paris Bridal
Les 14, 15 et 16 avril derniers, le salon international de la mode mariage, Paris Bridal, a recouvert le hall 2.1 du parc des expositions Porte de Versailles d’un immense voile de dentelle blanche et de strass étincelants. Mais malgré cette scintillante promesse de féérie, le truc le plus gay de ce salon se résume à une citation d’Oscar Wilde (« Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais », galvaudée, comme toujours), griffonnée sur la toile d’un stand de lingerie au fond du hall.
« On y croyait, mais rien n’a changé »
Sur l’emplacement B02, une commerciale multimarques confie à propos du mariage pour tous : « On y croyait, mais rien n’a changé ». Tout en admettant, le plus naturellement du monde, ne rien avoir changé à la communication de ses boutiques depuis la promulgation de « la loi Taubira ».
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expat
Je suis francaise. Expatriée depuis 14 ans en Suède. Mon mariage avec ma compagne n’a posé aucun soucis en Suède. La France est tellement conservatrice.