« Game Night », « Place publique » et « Katie Says Goodbye » : les films à voir cette semaine
Komitid vous propose une comédie US, le retour du couple Bacri-Jaoui et un magnifique portrait de femme.
Game Night
Réalisation : John Francis Daley & Jonathan Goldstein
Comédie – Etats-Unis – 2018
Distribution : Jason Bateman (Max), Rachel McAdams (Annie), Kyle Chandler (Brooks), Sharon Horgan (Sarah), Billy Magnussen (Ryan), Lamorne Morris (Kevin), Kylie Bunbury (Michelle), Jesse Plemons (Gary)
Max et Annie s’aiment depuis leur première rencontre lors d’un jeux entre copains. Désormais mariés, ils continuent d’organiser chaque semaine une “game night” avec leurs amis. Brooks, le talentueux et charismatique frère de Max a une toute autre vision d’une soirée de divertissement. Il décide de leur organiser une séance digne de lui, sur un thème autrement plus excitant : le polar avec criminels et agents du FBI. Bien que savamment préparée, la nuit ne va pas tourner comme prévu, mais alors, pas du tout…
Jason Bateman et Rachel McAdams sont des vieux routiers de la comédie US, parfois potache, parfois plus fine. Tout le monde les aime, moi le premier, et il sont très à l’aise dans cette comédie fraîche et débridée. Dans cette réjouissante aventure débordante d’humour, on ne sait pas toujours qui est qui, et c’est ce qui fait tout le sel de l’histoire. Cette brochette de vieux camarades, pas toujours très finauds, comme le blond teu-bé Ryan, caution beau gosse du casting, fait plaisir à voir. Le voisin flippant vaut aussi le détour.
Note : 3,5/5
Alors oui, certains diront que ça a un air de déjà vu, dans l’esprit de Crazy Night (2010 avec Steve Carell et Tina Fey). À ceux-là, je répondrais que vu le peu de comédies à l’affiche, ils auraient tort de bouder celle-ci. D’autant plus qu’elle est sans prétention, mais réussie. On ne s’ennuie pas une seconde. Ah ! avant d’oublier, Michael C. Hall (alias Dexter) y tient un rôle de méchant, et rien que ça, ça vaut le déplacement… si, si !
Place publique
Réalisation : Agnès Jaoui
Comédie – France – 2018
Distribution : Jean-Pierre Bacri (Castro), Agnès Jaoui (Hélène), Léa Drucker (Nathalie), Helena Noguerra (Vanessa), Miglen Mirtchev (Pavel), Kévin Azaïs (Manu), Nina Meurisse (Nina)
Castro est un animateur autrefois coté, mais toujours assez célèbre. Il se rend à une garden party organisée par Nathalie, son ex-belle-soeur. Celle-ci y fête la crémaillière de sa nouvelle propriété à “35 minutes de Paris” (à vol d’oiseau). Son ex-épouse Hélène et sa nouvelle compagne sont de la fête, ainsi qu’une tripotée d’invités et un staff d’extras. Entre retrouvailles et nouvelles rencontres, la journée promet d’être longue…
Autant le dire d’emblée, Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui font du Bacri & Jaoui, et on ne va pas se plaindre. Moi, du moins, j’en suis ravi ! C’est la 6ème réalisation de l’actrice, et son style est bien là, fidèle à ses précédentes œuvres. Le ton est léger, un poil grinçant, mais toujours tendre avec ses personnages. Dans ce film choral, aux nombreux protagonistes, tout le monde est épinglé pour ses travers, mais aussi pour ses qualités. Elles ne sont, certes, pas flagrantes au premier abord, mais finissent par transparaître, tout au long de cette journée et soirée. La réalisatrice se plait à dépeindre un milieu aisé, issu de la télévision, entre bobo et popu. Mais pas que ! Elle nous offre également un instantané de cette nouvelle génération de stars issues d’internet, toutes atteintes d’un mal étrange qui les oblige à avoir en permanence leur smartphone à la main. C’est apparement le mal du siècle, avec le culte de la célébrité.
Note : 4/5
L’écriture des dialogues est parfaitement ciselée, entre joutes verbales et sourires de façade. On rit de bon cœur devant tant d’hypocrisie, et de règlements de compte en tout genre. Cerise sur le gâteau, déjà savoureux, Mr Bacri pousse deux fois la chansonnette. Et surprise, il est étonnamment bon (pour un amateur, on s’entend !).
Katie Says Goodbye
Réalisation : Wayne Roberts
Drame – États-Unis – 2016
Distribution : Olivia Cooke (Katie), Christopher Abbott (Bruno), Mary Steenburgen (Maybelle), Mireille Enos (Tracey), James Belushi (Bear)
Katie est une jolie fille à peine majeure qui travaille dans un “diner” pour payer les factures. Elle économise méticuleusement chaque billet et pourboire pour pouvoir quitter son trou et vivre sa vraie vie à San Francisco. Pour ce faire, sa paie étant maigre, elle a également recours à la prostitution occasionnelle. La jeune femme va bientôt avoir le coup de foudre pour Bruno, le nouvel employé du garage, récemment sorti de prison.
Olivia Cooke. Retenez bien ce nom, son étoile n’est pas prête de s’éteindre. On peut la voir actuellement dans un rôle important dans le dernier Spielberg, Ready Player One ; les fans de la série Bates Motel la reconnaitrons également.
Elle est ici de presque tous les plans dans ce magnifique portrait de femme. La caméra la suit sans relâche, scrute ses moindres émotions. Elle nous fait réellement ressentir ses espoirs et ses déceptions. Katie est une battante ordinaire de cette Amérique rurale, semi-désertique, ignorée des touristes, et où l’anonymat n’existe pas. Pas d’économie florissante pour les “Rednecks”. Katie est fragile mais aussi incroyablement forte et terre-à-terre, elle fait ce qu’elle doit faire pour tenter de se sortir de cette vie monotone qu’elle subit depuis toujours. Elle est aussi ultra empathique, ce qu’apprécient ses quelques clients, à l’intérieur et hors du “diner” où elle travaille (James Belushi en guest DeLuxe). Bruno, ténébreux et taiseux, va la faire vibrer pour la première fois. Entre eux, c’est l’amour brut(e). Mais la vie n’est pas un conte de fée, et la réalité les rattrapera.
Note : 4/5
Si le film n’élude pas les sujets tragiques (c’est un drame, quand même !), comme la misère sexuelle, le viol, ou le comportement d’une mère opportuniste, la loudeur est tempérée par l’esprit vaillant et profondément optimiste de notre héroïne. Un moment de grâce à ne surtout pas rater !
C’est le premier film de Wayne Roberts, qui va certainement refaire parler de lui.
Également à l’affiche cette semaine
Jersey affair (réalisé par Michael Pearce) : un thriller d’excellente facture, qui mêle habilement romance vénéneuse et suspense haletant. On est sans cesse sur le qui-vive, à se demander qui peut être le coupable de ces crimes. Jessie Buckley qui joue le rôle principal est époustouflante. Tout simplement brillant !
Nico, 1988 (réalisé par Susanna Nicchiarelli) : un road movie qui fait la part belle à la musique sur scène. Il dépeint sans fards la toxicomanie de la chanteuse, et ses problèmes avec son entourage. Il évoque aussi sa relation cahotique avec Ari, fils d’Alain D., jamais cité dans le film. Trine Dyrholm, est parfaite, comme toujours ! Elle EST Nico.
Notre enfant (réalisé par Diego Lerman) : ce terrible drame social, mais surtout humain, nous montre comment la misère, associée à la cupidité et à la coruption, peut mener au trafic de bébés. Le personnage de Malena, docteur aisée mais en manque d’enfant, est sublimement incarné par Bárbara Lennie. Elle est émouvante et criante de vérité. Vite, un prix d’interprétation !