Le lanceur d'alerte britannique Shahmir Sanni revient sur la violence de son outing
Après avoir remis en cause la légitimité du vote sur le Brexit par des révélations choc, Shahmir Sanni a été victime d'un outing depuis le cabinet de Theresa May.
« Nous allons faire le Brexit sur des mensonges, de la triche, une arnaque », a déclaré Shahmir Sanni à Channel 4 News. Le lanceur d’alerte britannico-pakistanais vient de faire d’importantes révélations sur les coulisses du vote sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (UE) en 2016. Selon les informations qu’il a dévoilées aux médias et au grand public, le groupe Vote Leave, qui a mené une très importante campagne en faveur du Brexit, aurait largement dépassé le budget légal pour ses activités. Pire encore : le groupe aurait tenté de camoufler cela en versant 625 000 livres excédentaires à un groupe secondaire, BeLeave, pour lequel a travaillé Shahmir Sanni. Or, les dispositions légales entourant les procédés électoraux en Grande-Bretagne interdisent les coordinations de campagne, afin de garantir leur indépendance. De quoi (presque) remettre en cause la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Contre-attaque homophobe
Les réactions officielles ne se sont pas faites attendre, suite à ces inquiétantes révélations sur le processus démocratique britannique. Dominic Cummings, directeur du groupe Vote Leave, a démenti en bloc, assurant avoir demandé l’avis de la commission électorale avant de transférer des fonds à BeLeave. Quant à Stephen Parkinson, ancien coordinateur de campagne pour le Brexit par lesquels la somme incriminée serait passée et désormais conseiller spécial de Theresa May, il a contre-attaqué en outant Shahmir Sanni dans un communiqué venu du 10 Downing Street.
Dans cette déclaration, Stephen Parkinson affirme avoir été en couple avec Shahmir Sanni durant 18 mois, et use de cette information pour discréditer le jugement de son ancien partenaire.
Un outing particulièrement violent pour Shahmir Sanni, qui a déclaré craindre les répercussions de cette exposition de sa vie privée pour sa famille au Pakistan.
Lors d’une conférence organisée le 26 mars par Frontline Club, club londonien de journalistes indépendants qui avait également invité Christopher Wylie, autre lanceur d’alerte gay (il avait révélé les liens entre Facebook, la campagne de Donald Trump et la firme Cambridge Analystica). Shahmir Sanni est revenu sur son coming out forcé avec émotion. « Voir jusqu’où ces gens peuvent s’abaisser est vraiment fascinant. Le vitriol homophobe est incroyable », a-t-il déploré.
La Première ministre Theresa May a déclaré n’avoir aucune intention de renvoyer son conseiller pour cet acte qui met gravement en danger l’entourage de Shahmir Sanni, expliquant qu’il fait un excellent travail. Faudra-t-il que la famille royale s’en mêle ? Puisque ses membres multiplient les occasions de poser en allié.e.s des personnes LGBT+ ces derniers mois, avec photographes de préférence, prendre position dans cette affaire serait une bonne manière d’agir.
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