« Moonlight » : Barry Jenkins a enfin pu faire son discours de victoire aux Oscars
Le réalisateur de « Moonlight » n'avait pas eu l'occasion de faire son discours pour son oscar du Meilleur film. C'est désormais chose faite, et c'est vibrant.
Souvenez-vous, c’était il y a un an. Comment oublier l’énorme couac lors de la cérémonie des Oscars au moment de l’annonce du Meilleur film, lorsque la prestigieuse statuette a été attribuée par erreur à La La Land alors qu’elle devait revenir à Barry Jenkins pour son film Moonlight (2016) ? Si l’erreur a été corrigée au moment même, le grand vainqueur n’avait pu réciter le discours de victoire qu’il avait prévu.
On vous remet la vidéo pour revivre ce moment épique :
« Faites de cette récompense un symbole »
Plus d’un an après, dans le cadre de sa présence au festival SXSW au Texas lundi 12 mars, Barry Jenkins a enfin pu délivrer son discours de victoire. Et ça valait le coup d’attendre. Le réalisateur a souligné combien ce film, nommé huit fois aux Oscars, s’inspire directement de sa propre vie. Celle d’un afro-américain né en Floride, évoluant dans le quartier dangereux de Liberty City (Miami) et élevé par une mère toxicomane. « Faites de cette récompense un symbole », a-t-il lancé. Voilà son discours :
« Tarell [Alvin McCraney, le co-scénariste auteur de la pièce de théâtre dont Moonlight est l’adaptation] et moi, sommes Chiron. Nous sommes ce garçon. Et quand vous regardez Moonlight, vous ne pouvez pas présumer que ce garçon qui a grandi ainsi pourrait faire une œuvre d’art qui décrocherait une récompense aux Oscars − et sûrement pas qu’elle obtiendrait un jour l’Oscar du Meilleur film. Je me l’étais beaucoup répété et ce que j’ai compris, c’est que je m’étais mis des barrières. Je m’étais refusé ce rêve. Pas vous, pas quelqu’un d’autre : moi. Donc pour ceux qui sont témoins et qui se reconnaissent en nous, faites de cette récompense un symbole, une réflexion qui vous pousse à vous aimer. Parce que c’est peut-être la différence entre rêver et, grâce à l’Académie, réaliser des rêves que vous ne vous êtes jamais permis d’avoir. »