Agression d'une femme à Angers, une association dénonce la transphobie du parquet

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Après qu'une femme a été agressée, en octobre 2017, l'association angevine QUAZAR dénonce l'attitude du Parquet qui a classé l'affaire.

Un tram à Anger
Un tram à Anger - Shutterstock

La scène se passe en octobre 2017 à Angers, dans un grand ensemble de la ville. En rentrant chez elle, une femme trans est violemment agressée par un voisin qui l’avait déjà menacée auparavant. Insultée, frappée, jetée à terre, elle décide de porter plainte deux jours plus tard dans son commissariat de police. Un délai on ne peut plus compréhensible tant les menaces que l’agresseur aurait proférées sont glaçantes. «  Je vais te défoncer comme un homme, car je te vois comme un homme (…) je te découpe à la machette, je te fais assassiner si tu portes plainte », est-il consigné dans la plainte.

Et pourtant, malgré la vidéo-surveillance et les précédentes plaintes déposées par la victime contre son voisinage, le parquet d’Angers a décidé de classer l’affaire sans suite. Le motif ? «  l’examen de la procédure ne justifie pas de poursuites pénales au motif que les faits ou circonstances des faits dont vous vous êtes plaint(e) n’ont pas pu être clairement établis par l’enquête ». La justice a-t-elle fonctionné correctement dans cette affaire ? L’association locale Quazar se permet d’en douter.

Le parquet d’Angers sourd aux actes LGBTphobes ?

Selon Stéphane Corbin, référent du pôle juridique, défense des droits, accompagnement des victimes du centre LGBT d’Angers, Quazar, la justice n’a pas fait son travail dans cette affaire et le classement sans suite démontre une politique locale plus ou moins légère quant aux agressions LGBTphobes.

Depuis que l’association a sorti son communiqué, le 8 mars, le procureur n’a pas bougé. L’association se pose la question, avec ses avocats et la victime, de demander une saisine du doyen des juges d’instruction avec constitution de partie civile. Une perspective qui promet d’être intéressante pour Stéphane Corbin. «  Pour cela, il faudra qu’on dépose une demande de communication de dossier auprès du procureur de la République. En le consultant, on pourra voir où l’enquête a pêché. Et s’il refuse de nous le communiquer, il faudra qu’il motive son refus. »

Selon lui, cette affaire révèle des dysfonctionnements plus larges. Il mentionne à Komitid le cas de deux précédentes agressions LGBTphobes, qui se sont terminées par des non-lieux.  Pire, il évoque une autre victime qui aurait tenté de porter plainte pour agression homophobe dans son commissariat de police… et qui aurait découvert à la place, le motif « en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion  » inscrit en noir et blanc dans sa plainte. « Les officiers de police ne connaissent rien aux questions de droits LGBT ou des identités de genre », explique-t-il.

Dans son communiqué, Stéphane Corbin va jusqu’à prédire «  faudra-t-il une prochaine victime trans pour que le parquet d’Angers envisage une politique pénale à la hauteur du fléau ?  ».