Un tireur s'en prend à un bar trans à Las Vegas, et personne n'en parle
La fusillade visant le Las Vegas Lounge a eu lieu le 23 février. Où sont les gros titres ?
Le vendredi 23 février au petit matin, un homme fait feu sur la vitrine du Las Vegas Lounge, un bar trans de la ville, non loin du célèbre hôtel-casino Sahara. Six jours plus tard, les articles concernant l’attaque ayant blessé deux personnes se comptent sur les doigts de la main. Et ceux qui mentionnent la nature de l’établissement visé sont encore plus rares.
Pourtant, il semble difficile de plaider la cruauté du hasard dans cette affaire, ce type de lieu communautaire étant extrêmement rare aux États-Unis. Il n’existerait en effet que 3 bars trans dans les 50 états du pays, selon LGBTQ Nation, les deux autres étant à San Fransisco, et à Boston.
Un acte transphobe qui ne fait pas scandale
Comme le précise le site d’information Into, les fenêtres de la devanture ne laissaient pas voir ce qu’il se passait à l’intérieur du bar, privant l’assaillant de la possibilité de viser. Mais un drapeau trans, sur lequel était dessinée la silhouette d’une femme, était bien visible sur l’une des vitres. Pour Callie Lou-Bee Haywood, femme noire et trans, blessée par les balles du tireur, le message est clair « les personnes trans ne sont pas les bienvenues ici ». Sur Facebook, la principale concernée déplore le silence qui entoure ce violent acte de transphobie aussi bien chez les médias que dans la communauté LGBT+.
Pourtant, il y a bien des choses à dire sur cette attaque, en plein débat sur la circulation des armes à feu aux États-Unis, suite à la fusillade au lycée de Parkland. Sans mentionner que depuis le début de l’année 2018, au moins six femmes trans ont été assassinées aux USA. Il faut le rappeler : non, il ne s’agit pas là d’un acte isolé.
La solidarité prend plus rapidement que l’écho médiatique
Tandis que l’enquête piétine pour retrouver le tireur et que l’information commence doucement à circuler, la solidarité s’organise. Afin de couvrir les frais médicaux de Callie, qui a du être opérée pour réparer les os de sa jambe brisés par les balles, une cagnotte a été lancée sur GoFundMe.
Jennifer Hallie, patronne du Las Vegas Lounge, a déclaré sur Facebook qu’il était hors de question de se laisser abattre. L’établissement reste donc ouvert et « fier de servir sa communauté ». Une soirée de soutien et de collecte de fonds s’y tiendra le 2 mars pour Callie Lou-Bee Haywood.
En attendant l’arrestation du coupable, qui a été filmé par des caméras de surveillance, on peut s’interroger sur le peu d’écho qu’a eu fusillade. Aurait-il fallu des mort.e.s pour entendre parler de l’affaire en temps et en heure, comme ce fût le cas pour la fusillade du Pulse à Orlando en juin 2016 ?