En Turquie, une activiste trans incarcérée en grève de la faim pour faire respecter ses droits
Diren Coşkun a été isolée dans une prison pour hommes et s'est vue refuser un accès au soin. Une situation qui l'a poussée elle, et une autre activiste trans, à faire une grève de la faim.
Diren Coşkun est en train de se laisser mourir. L’activiste anarchiste turque trans, avait été arrêtée le 14 août dernier pour « appartenance à une organisation terroriste », un motif souvent invoqué pour mettre en prison des activistes, politiques et journalistes par l’état turc. Détenue dans la prison d’hommes de Tekirdağ en isolement, elle s’est vue refuser l’accès à son traitement hormonal ainsi que son droit « à une opération de chirurgie ». Sans réponse des autorités, elle s’est mise en grève de la faim le 2 janvier dernier.
Dans une pétition en ligne, qui réclame également le droit pour Diren Coşkun de se déplacer librement dans les parties communes de la prison, celle-ci explique les raisons de sa grève de la faim :
« Dans cette prison, je suis soumise à de nombreuses pratiques qui vont contre la dignité humaine. Mes demandes sont : l’arrêt de mon isolement et la fin de la violation de mes droits, dont l’accès à la chirurgie et aux soins. Je préfère mourir que d’être empêchée d’avoir accès à ces soins. »
C’est Kıvılcım Arat, également activiste trans et membre de l’association Istanbul LGBTI Solidarity, qui a partagé la nouvelle sur les réseaux sociaux. Celle-ci, vu « l’absence de réaction des autorités » a également annoncé s’être mise en grève de la faim, en solidarité avec son amie Diren Coşkun. D’après le site LGBT News in Turkey, Arat a expliqué avoir été déçue par le manque de solidarité de la communauté LGBT+ du pays.
Une situation qui se détériore
À l’heure actuelle, la Turquie permet aux personnes trans de faire leur changement d’état civil, mais seulement sous des conditions très contraignantes. En raison de l’absence d’encadrement administratif et de lois sur les questions de genre, les personnes trans sont fréquemment victimes de discriminations, que ce soit de la part des autorités ou de la population.
La Turquie n’est pourtant pas un pays anti-LGBT+. Réputé plus ouvert que ses voisins sur les questions relatives aux minorités sexuelles, le pays accueille de nombreux réfugié.e.s, l’homosexualité y est légale et certaines personnalités ont pu faire leur coming-out sans encombre. Le parti de la gauche de la gauche HDP présentait d’ailleurs deux candidates trans et un candidat ouvertement gay aux dernières élections.
Mais la majorité de la population reste très fermée sur ces questions. Le gouvernement conservateur de Recep Tayyip Erdoğan a notamment interdit la Gay Pride stambouliote, pourtant la plus grande du Moyen-Orient, ces trois dernières années. Le glissement autoritaire du parti au pouvoir fait d’ailleurs craindre aux organisations LGBT+ du pays de grands retours en arrière. Kaos GL, l’une d’entre elle, espère que la communauté internationale pourra faire pression sur le pays, pour que les droits de Diren Coşkun soient enfin respectés.
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