#MeToo : qu'en est-il chez les gays ?
Le mouvement lancé par Tarana Burke afin de dénoncer harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols ne concerne en vérité pas que les femmes. Mais contrairement aux États-Unis, les hommes gays et bisexuels ne semblent pas s'en être saisis. "Libération" a réalisé une enquête qui en dit long sur les raisons de ce silence.
« Si j’étais une femme, je trouverais inacceptable que quelqu’un me touche sans mon consentement. Mais je suis un homme. Je sors dans les lieux gays. Et j’ai vite compris qu’ici, ça n’avait rien de choquant », voilà la citation par laquelle commence l’enquête de Libération sur le mouvement #MeToo chez les hommes gays et bisexuels. Le ton est donné.
Visibilisé par l’affaire Harvey Weinstein et Rose McGowan, « moi aussi » (et sa déclinaison française « balance ton porc »), a en fait été lancé par la militante féministe et anti-raciste Tarana Burke dès 2007, bien avant les mots-dièse. Mais qu’en est-il de la question du consentement chez les hommes, dans le milieu LGBT+ ? « Ça m’est arrivé d’avoir à faire à des gros lourds, le plus souvent ivres, qui me touchaient avant de me parler. J’ai dû le faire aussi. Mais je n’ai jamais eu le sentiment que je bravais un interdit. Ça fait partie des codes des endroits dans lesquels je me rends », a confié un des autres hommes à témoigner sous un faux nom pour Libération.
La question du consentement
S’il est vrai qu’entre deux hommes, le contexte de domination patriarcale qui s’exerce dans les relations hétérosexuelles avec plus ou moins de violence est absent, le consentement reste une nécessité pour tous aussi bien que toutes. Mais comment libérer la parole dans les milieux communautaires à ce sujet ? La grande enquête Virage sur les violences et les rapports de genre, actuellement en cours, intègre pour la première fois les questions LGBT+ dans ses recherches. Les résultats, qui devraient apporter quelques éléments de réponse à cette épineuse question, devraient être publiés courant 2019.