Mariage pour tou·tes : des prêtres allemands défient le Vatican

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Des prêtres catholiques ont lancé lundi 10 mai une vaste action en Allemagne visant à bénir le mariage de couples de même sexe, auquel le Vatican a récemment réaffirmé sa stricte opposition.

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Le pape accompagné de prêtres - haak78 / Shutterstock

Plus de 100 églises dans le pays organisent des cérémonies de mariages ouvertes « à tous ceux qui s’aiment  », gays, lesbiennes ou hétérosexuels, se joignant ainsi à l’initiative «  l’amour l’emporte » lancé par des prêtres, diacres et volontaires.

« Nous élevons notre voix et disons : nous continuerons à soutenir ceux qui s’engagent dans une vie commune et à bénir leur union  », soulignent les organisateurs sur internet.

La campagne, critiquée par l’assemblée des évêques, doit se poursuivre sur plusieurs jours. Elle concerne aussi les personnes divorcées, qui ne peuvent plus voir une nouvelle union bénie par un prêtre.

À la mi-mars, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican avait publié une note dans laquelle elle réaffirmait considérer l’homosexualité comme « un péché », et confirmait l’impossibilité pour les couples de même sexe de recevoir le sacrement du mariage.

2 600 prêtres, ainsi que de nombreux théologiens et laïcs ont signé en mars une pétition contestant cette ligne, alors même que l’Église catholique travaille à une réforme dans le cadre d’un synode axé sur les thèmes sensibles du célibat, des prêtres mariés, et d’une place plus grande réservée aux laïcs et aux femmes.

Ces prêtres avaient appelé à la « désobéissance » via les réseaux sociaux sous le hashtag #PastoralerUngehorsam. En réaction, des drapeaux arc-en-ciel avaient également fleuri sur les frontons de nombreuses églises dans le pays, ainsi qu’en Autriche, pays de tradition catholique.

« Nous devons enfin reconnaître que l’Église est part de la vie, et pas seulement dans le cas d’un mariage entre un homme et une femme, mais dans tous les cas de relations basées sur la foi, le respect et l’amour », a estimé Birgit Mock, co-responsable du groupe synodal chargé des questions de sexualité.

Le synode en Allemagne est vu depuis le début d’un oeil très méfiant par le Vatican, et par les plus conservateurs des prélats, au premier rang desquels figure l’archevêque de Cologne Rainer Maria Woelki qui craignent qu’elle ne sépare l’Église d’Allemagne de l’ensemble de l’Église catholique.

Certains jugent pourtant la modernisation de l’Église catholique indispensable alors qu’elle souffre d’une fuite de ses fidèles à cause des affaires de pédophilie et d’une pénurie de nouveaux prêtres. Même si elle reste la plus grande confession du pays, ses membres sont tombés à 22,6 millions en 2019, soit 2 millions de moins qu’en 2010, année de la révélation des premiers scandales d’abus sexuels sur mineurs.

Avec l’AFP