« L'égalité des genres », un terme problématique pour la Pologne et la Hongrie

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Varsovie et Budapest se sont opposées à l'utilisation de l'expression « gender equality » (« égalité des genres ») dans la déclaration qu'ont adopté samedi 8 mai les dirigeants de l'UE au sommet de Porto, un positionnement de principe qui irrite à Bruxelles, selon plusieurs sources européennes.

drapeau europe lgbt
Le rainbow flag et le drapeau de l'Union Européenne - esfera / Shutterstock

Le texte, négocié en anglais par les 27 États membres de l’Union européenne, évoquait initialement la promotion de « l’égalité des genres  ». Mais dans sa version finale, datée de vendredi, les dirigeants s’engagent à promouvoir l’égalité « pour chaque individu ».

Le terme « genre » est lui toujours employé, mais en référence aux «  disparités entre les genres », par exemple en matière d’emploi ou de salaire.

« La Pologne souligne toujours combien la clarté juridique est importante. Nous devons nous en tenir aux dispositions du traité. Le traité de l’Union européenne fait très clairement référence non pas à l’égalité des genres, mais à l’égalité entre les femmes et les hommes  », a expliqué un responsable polonais, contacté par l’AFP. La Hongrie n’a elle pas donné suite.

Selon un diplomate européen, l’opposition du gouvernement conservateur nationaliste polonais de Mateusz Morawiecki et de celui du populiste hongrois Viktor Orban s’explique par le fait que la mention « gender equality  » crée selon eux « un espace pour les droits LGBT, ce à quoi elles sont fermement opposées car elles disent que cela pourrait détruire le tissu de leurs sociétés chrétiennes ».

Ils « ont toujours eu cette position de principe. Quel que soit le texte (négocié dans l’UE), s’il y a une phrase ou une expression pour protéger les LGBT, ils sont toujours contre  », abonde un autre diplomate.

« On a ce problème depuis la présidence allemande », au deuxième semestre 2020, confirme une source européenne.

Depuis leur l’arrivée au pouvoir en 2005, les conservateurs polonais combattent ce qu’ils appellent l’« idéologie LGBT  » ou « idéologie du genre », qui risque à leurs yeux de saper le modèle traditionnel de la famille et conduire à la « sexualisation » des enfants.

En Pologne, où la communauté LGBTI+ est aussi la cible de l’Église catholique, des « zones sans idéologie LGBT » décrétées par plusieurs municipalités ont conduit la Commission européenne à refuser des subventions à ces communes.

La Hongrie a de son côté accentué en décembre son offensive contre la communauté LGBTI+, à travers un paquet législatif qui définit notamment le genre d’une personne comme étant uniquement celui de la naissance.

Avec l’AFP